Matrix Resurrections s’annonçait comme une n-ième suite inutile de franchise qu’on essaye de déterrer pour sucer jusqu’à l’os le peu de reste de viande qu’il peut rester et… elle l’est. Même les meilleurs chefs ne peuvent recycler des carcasses laissées au congélateur pendant 20 ans tout en critiquant ouvertement et avec si peu de subtilité tous ceux qui produisent et ne se nourrissent que des restes d’abats de la veille.
Le film qui tombe en effet sous le fil rouillé de sa guillotine, essaye de trancher dans le vif des productions hollywoodiennes actuelles mais ne parvient qu’à asséner un premier coup de marteau dans le crâne du spectateur qui doit subir une première heure extrêmement bavarde et aussi subtil que mon enchaînement de métaphores.
À peine remis de notre trauma crânien, le film ne laisse toujours aucune place à un silence salvateur et nous assène un nouvel uppercut quand il commence à parler de la non-binarité du monde, de l’illusion du choix – rien que le mot « choix » est répété un nombre incalculable de fois – mais le coup fatal est porté par le traitement pachydermique de la romance dans le film. S’il restait encore quelques battements de cœurs décelables chez le spectateur, un quelconque souffle de vie, voir même un état de conscience détecté chez les plus coriaces d’entre nous, le parpaing qu’on nous envoie du 36è étage réduira à néant toute chance de sortir de la léthargie.
Quelques bonnes idées subsistent toutefois, les combats ne sont pas si pires malgré l’absence du chorégraphe d’origine, le génial Yuen Woo-Ping (Il était une fois en chine 1 et 2 aussi s’il vous plaît). Que dire du swarm-mode – mise à jour intégré dans cette nouvelle matrice et peut-être la seule bonne idée de mise en scène – qui se permet d’envoyer une claque à tous ces incultes prêts à se jeter sur Martin Scorcese – qui a raison – quand il dit que le MCU n’est pas du cinéma. Quasiment certains que l’idée est suffisamment subtile pour que les personnes visées défendent cette séquence finale ou ils sont littéralement comparés à des zombies kamikazes et dont l’impact au sol reste ce qu’il y a de plus marquant dans ce dernier opus.
Pour finir, on regrettera la non-participation de Lilly Wachowski qui devait surement être celle des deux qui apportait les bonnes idées dans la trilogie d’origine. En espérant que le sort du dernier Coen lui aussi réalisé par un seul membre de la fratrie soit meilleur. On regrettera aussi la disparition de Yuen Woo-Ping aux chorégraphies de combats qui manque cruellement de punch (je repense au combat final de Matrix 3 qui reste un moment dantesque). On regrettera un film trop bavard au discours pompeux tombant souvent dans le fan service gratuit et parfois dans l’humour inutile. Enfin on regrettera la sortie de ce film, tout simplement.