Critique de Matrix Revolutions par Bishiboosh
Je réitère ma diatribe : IL N'Y A PAS EU DE SUITE A MATRIX NON TAISEZ VOUS VOUS MENTEZ
Par
le 8 juin 2010
70 j'aime
51
En préambule, la critique va se décomposer en deux parties. Une première partie sans spoilers sur le film en tant que produit fini, puis une seconde truffée de références au scénario de la trilogie pour aboutir à une conclusion partagée par beaucoup, agrémentée de quelques subtilités que j'ai pu relever suite à mon réçent revisionnage de la Trilogie.
Alors, Matrix Revolutions. Suite immédiate de Matrix Reloaded (dyptique qu'on peut raisonnablement envisager comme un seul film), le dernier opus de la trilogie est pourvu d'un bien meilleur tempo, sa narration est plus fluide, bien plus portée sur l'action et moins sur les dialogues oiseux faussement profonds.
Les effets spéciaux restent encore aujourd'hui de très bonne qualité, le gouffre est immense avec ceux du premier film. Alternant les scènes dans la Matrix et dans Zion, le contraste entre les combats esthétisants à l'extrême de la Matrix et la brutalité crasse et sanguinolente de la guerre machines/hommes est bien rendu.
Les acteurs persistent à faire du très bon (Hugo Weaving ; Carrie-Anne Moss) et du moins bon (Keanu Reeves ; Laurence Fishburne) mais l'ensemble de leur jeu tient la route, et on ne peut que rester admiratif devant leur performance athlétique.
Niveau scénario, sans spoiler pour le moment, la fausse piste laissée en pâture au public par Matrix Reloaded empêche une bonne compréhension de l'ensemble. On pourrait croire à un banal affrontement homme/machine dans la Matrix et dans le monde réel. C'est un peu faible.
Autant Matrix Reloaded sollicitait notre logique, pure et rationnelle, autant Matrix Revolutions exige de nous un effort supplémentaire : la foi.
A partir de maintenant et ce jusqu'à la fin, je dévoile de gros morceaux d'intrigues et j'interprète à tout va.
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Matrix Revolutions est un film qui commence dans Matrix Reloaded, quand Neo arrête des Sentinelles dans le monde réel. Le spectateur est alors confronté à un choix :
Mon choix s'est depuis longtemps porté sur la seconde solution, bien entendu. Et voici pourquoi.
Dejà, le titre de ce film est Matrix RevolutionS. Le pluriel est signifiant. Plusieurs Matrix sont concernées, dans le temps (les Matrix antérieures) et dans l'espace (La Matrix classiques des humains ayant choisi d'y vivre, la Matrix des rebelles simulant la Terre ravagée par la guerre, en gros Zion).
Le terme Revolutions est par ailleurs trompeur, le terme employé renvoie au fondement même du terme (merci wikipedia) du latin revolvere "rouler en arrière". On parle donc bien d'un retour à la case départ, à la source. D'un véritable Reload.
La fausse piste de Matrix Reloaded est habile. Faire croire que Neo fait un choix inédit en retournant dans la Matrix pour sauver Trinity, mettant à bas toute la manipulation des machines pour contrôler l'humain. Il n'en est rien. Le processus de contrôle continue dans Matrix Revolutions. L'architecte de la Matrix n'étant jamais parvenu à supprimer l'anomalie du au "choix" nécessaire de l'homme d'accepter ou non la Matrix, il leur propose une Matrix alternative : la matrice de Zion. Une illusion de liberté.
La véritable trouvaille scénaristique est le fait que Neo n'a jamais été un humain, mais bien un programme concentrant toute l'anomalie de l'équation de l'architecte. Neo fait un choix (sauver l'humanité), Smith représente l'inverse (détruire l'humanité).
Neo n'est d'ailleurs pas n'importe quel programme. Il est un Oracle en devenir. L'Oracle étant le Neo de la Matrix antérieure. D'où les pouvoirs de prévision de l'Oracle, la sensation de déjà vu de Smith à la fin du film... C'est de fait toujours la même partition réinterprétée, avec de moins en moins de nuances.
Procédons dans l'ordre, purement chronologique :
La Matrix officielle est reloadée, de même que la Matrix Zion simulant le désert du réel et les profondeurs de la Terre, alors vide de tout habitant, avec une cité à construire encore en devenir.
L'Oracle (incarnation du Neo antérieur) repère les humains refusant la Matrix officielle, les "libère" en les faisant basculer dans la Matrix Zion et prophétise l'arrivée d'un élu. L'Oracle guide tout particulièrement un humain type Morpheus afin de lui faire dénicher le programme concentrant l'anomalie, Neo. Neo est "libéré" et passe dans la Matrix Zion, s'attache à l'humanité. Neo révèle son potentiel en faisant le choix de sauver l'humanité, détruisant un Agent Smith qui devient son alors exact opposé.
A partir de ce moment là, le processus de "Revolutions" se déclenche, la Matrix "Reloaded" auparavant devient de plus en plus instable, l'anomalie croit (Neo & Smith gagnent en puissance). Neo refuse le faux choix proposé par l'Architecte (le choix ayant déjà été réalisé) et découvre inconsciemment que son pouvoir s'étend au deux Matrix. Il a de plus des visions du parcours du précédent élu, lui montrant le chemin vers la cité des machines.
Anticipant le Reload à venir, les machines attaquent les humains de la Matrix Zion pour massacrer un maximum d'humains refusant la Matrix officielle. Smith incorpore l'ancien Oracle et commence à avoir des déja vus. Neo & Smith s'affrontent, fusionnent. Un nouvel Oracle nait. Un bref instant l'équation de la Matrix est équilibrée, elle peut alors se "Reloader". Un nouveau programme concentrant l'anomalie "affinée" est implanté dans la nouvelle Matrix et attend inconsciemment que l'ancienne anomalie désormais canalisée, l'Oracle, la détecte et enclenche le processus de sa "libération" via des humains refusant la Matrix officielle (survivants de Zion ou autres) guidée par sa prophétie.
Ainsi, la Revolution concerne les deux Matrix. La Matrix Zion est un piège parfait où tous les résistants réfractaires sont regroupés, détectés, massacrés pour une part, réincorporés d'autre part dans la Matrix officielle pour permettre l'avènement de la nouvelle anomalie.
Le système tourne en boucle et se perfectionne à chaque fois. L'Oracle accumule en effet l'expérience des Neo passés, permettant une manipulation de plus en plus contrôlée. Si le premier Oracle a du considérablement galérer en n'ayant aucune expérience passée pour guider la première anomalie, chaque nouveau reload renforce à présent le système, réduisant à peau de chagrin l'anomalie persistante.
Je vous renvoie à présent au titre de ma critique, citation de P. K. Dick. La véritable question que pose la trilogie Matrix, c'est la notion de réalité. L'humain choisit "sa" réalité et croit à une illusion de liberté. Tant qu'il restera inébranlable dans sa foi de la réalité qu'il a choisi, il sera incapable d'échapper au contrôle des machines.
Tout ces scribouillis pour dire que la trilogie Matrix n'est pas un simple déluge d'effets spéciaux esthétiques avec une surcouche de symbolisme pseudo philosophiques à la mord moi le noeud.
C'est un scénario en diamant, complexe, puissant, délivrant un vrai message sur la notion de liberté et de croyance.
Félicitations à ceux qui ont pu lire jusqu'au bout.
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Créée
le 16 sept. 2011
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