Critique de Matrix Revolutions par Bishiboosh
Je réitère ma diatribe : IL N'Y A PAS EU DE SUITE A MATRIX NON TAISEZ VOUS VOUS MENTEZ
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le 8 juin 2010
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Le terme "Révolutions" du titre Matrix Révolutions tient-il uniquement de par ses connotations informatiques ? Entendons par là, le renouvellement d'une énième mise à jour de la matrice comme elle est illustrée lors des dernières secondes du métrage devant les yeux de deux de ses programmes les plus puissants. Si l'on s'en tient à cet épilogue, le dernier segment de la saga avait toutes les chances de combler les attentes d'un public qui avait élevé son niveau d'exigence au-delà du raisonnable. Un fait est certain, Matrix Révolutions n'a pas été la conclusion fantasmée par le plus grand nombre. La saga a été pensée comme un objet culturel en perpétuel mouvement dans les têtes, ralliant dans ses rangs des opposants de la première heure bien des années plus tard... Ce ciment à prise tardive s'explique par la redécouverte à tête reposée d'un objet cinématographique fascinant et surtout par le libre arbitre de ses Maîtres d'oeuvres jamais parasités par la toxicité du net. Bref si vous n'aimez pas Matrix aujourd'hui, il y de fortes chances pour que vous l'aimiez demain.
La Révolution tant attendue n'était pas dans les mouvements de la matrice à proprement parler. Elle se dissimulait plutôt dans chaque strate de sa fabrication, dans chaque phrase de ses dialogues et dans chaque neurone de ses concepteurs(trices). Tout aura été dit du métissage culturel des films et du constat du capitalisme à l'aube du XXI ème siècle : La surface dominée par l'Occident et sa réponse en souterrain basée sur l'union des ethnies face à un ennemi commun. Trinity l'androgyne, avait, par ailleurs, sa carte à jouer dans l'équation Matrixienne en ouvrant une dernière fois les portes à Neo avant de rendre l'âme. Tout relevait donc d'un simple constat des Wachos sans rage, ni haine. Le progressisme comme remède infusait déjà mais il était mesuré, subtil dans sa démarche de donner l'avantage à un homme amélioré culturellement et génétiquement (informatiquement ?). Une thématique sensible quasi invisible, ici, et beaucoup plus démonstrative dans le mal aimé Jupiter Ascending assimilé à tort comme un collage de gommettes de diverses influences.
Matrix Revolutions est une fin d'autoroute. Plus de marquage au sol pour indiquer le chemin à suivre, plus d'Architecte pour baliser la voie ou donner des "biscuits" au spectateur pour l'indispensable compréhension des aboutissants. L'Oracle elle-même semblait se détourner du véritable sens de la matrice à l'aide de propos toujours plus cryptiques. Révolutions se passe de toute explication sentencieuse pour laisser libre cours à sa forme mutante, riche mais joliment disgracieuse. D'un galbe superbe Reloaded se voit compléter par une extension inhabituelle dans le paysage Hollywoodien. Figée dans l'adoration par ses protecteurs tel un Graal sous une cloche en securit, les sagas de Star wars ou du Seigneur des Anneaux obéissent à une logique de production qui uniformise artistiquement les segments malgré les années qui les séparent les uns des autres. À cela près que Matrix 2 et 3 ont été tournés à la suite, de la même manière que la trilogie de Peter Jackson. Dans cette logique, Revolutions devait être à l'image de son second volet, cohérent dans sa charte esthétique afin que le déroulé visuel se fasse sans fausses notes et d'un tempo d'écriture équivalent. Dans cette dynamique, on imaginait un final où les Wachos ouvriraient doucement l'obturateur de leur caméra pour y laisser entrer progressivement la lumière derrière les nuages noirs opaques afin d'entrevoir métaphoriquement le triomphe de l'homme sur la machine.
Il ne fallait pas attendre les auteurs de Speed Racer sur un terrain aussi balisé. Le contrepied était très certainement déjà assuré au moment de l'écriture de ce dernier segment. Ainsi Revolutions clôture une obsession de ses auteurs amorcée dans le Matrix original : Les mondes interlopes des milieux Underground laissés de côté par un second volet dédié aux espaces les plus larges de la matrice. Thomas Anderson (Keanu Reeves) alors non déclaré élu se retrouve dans un concert de métal lors de son premier contact physique avec Trinity. Cette rencontre qui accomplira la prédiction de L'Oracle trouve son pendant dans Revolutions durant l'assaut de la boite de nuit du Merovingien. La thématique musicale s'oppose (Métal contre Techno) mais le fétichisme du cuir et du clou prolonge l'idée d'une texture visuelle des intérieurs encore plus sophistiquée. Bill Pope, Directeur photo de la trilogie propose de revisiter les formes de Matrix en étirant ses codes visuels vers des couleurs saturées ou en les altérant de manière à illustrer l'incapacité de Neo à utiliser ses atouts physiques : Bloquer dans un programme prenant pour cadre une station de métro, l'élu est intellectuellement et physiquement incapable de dominer le Maître des lieux. Cette séquence répond en tout point au premier volet qui élevait l'être au niveau des Agents de la matrice lors de l'affrontement dans le Subway. Le décors épuré et la photo blanchâtre de la station de métro (la faïence proprette du carrelage) nourrissent l'idée d'une force absente ou encore d'une enveloppe physique exsangue. Les trentes premières minutes de Révolutions sont entièrement dédiées aux oppositions formelles de chaque séquence. Les scènes "chargées" et capiteuses des intérieurs d'une boîte de nuit face au dépouillement d'un décor d'une station de métro répond à l'idée du choc esthétique tel que l'entend la fratrie. De la même manière que Satoshi Kon livrant un spectacle inédit issu du produit de l'esprit, Les Wachos synthétisent leur espace informatique en de multiples lieux aux architectures diverses dans le seul but de perdre le spectateur et de casser toute logique de repères géographiques et temporels. De la station de métro jusqu'au lieu commun (l'appartement de L'Oracle) en passant par les tréfonds de Zion, le but avoué est de terminer le climax sur une matrice à ciel ouvert et terrain de jeu des deux derniers combattants.
Puis vint Matrix Resurrections...
Le choix de John Toll comme nouveau chef opérateur en lieu et place de Bill Pope tend à penser que la matrice trouvera un second souffle dans une approche visuelle chromatiquement plus prononcée. On évoque l'idée d'une MAJ qui la reprocherait un peu plus de notre monde réel surtout que le Matrix original y sera projeté sur un écran. Délire meta aux accents de Retour vers le futur 2 ? C'est peut être le souhait de Lana Wachowski qui mise toute son ambition artistique sur ce nouveau volet.
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le 16 sept. 2021
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