Parmi toutes les comédies françaises qui sortent chaque année, peu nombreuses sont celles qui sortent du lot. Mauvaises Herbes fait parties de ces petites perles qu’on apprécie tout particulièrement.
Déjà avec Nous trois ou rien, nommé pour le César du Meilleur Premier Film en 2016, l’humoriste et comédien Manouchehr Tabib alias Kheiron s’était rajouté une belle casquette de réalisateur. Une casquette qu’il peut encore une fois être fier de porter aujourd’hui avec Mauvaises Herbes. A noter également qu’il est devenu producteur et « coach » d’autres humoristes notamment, ce qui confirme sa volonté de transmettre le savoir et les compétences qu’il a eu la chance de recevoir et qu’il met parfaitement à profit.
Kheiron impose son style et s’inspire à nouveau de son vécu pour réaliser un long métrage à son image, un film profondément humain, drôle, et pétrit de bonnes intentions. En effet, là où Nous trois ou rien était directement adapté de l’histoire de ses parents (rappelons au passage qu’il jouait le rôle de son propre père), Mauvaises Herbes s’inspire ici de sa propre histoire. On parle ainsi d’une période de quatre années durant laquelle il a été éducateur dans le cadre d’un projet visant à aider les enfants et les jeunes adolescents à renouer avec l’école. Finalement, que ce soit au niveau de sa vie personnelle ou de son film précédent, Mauvaises Herbes fait parfaitement le lien avec Nous trois ou rien dont la seconde moitié était principalement consacrée au social et à l’associatif.
Le film part ainsi de la citation suivante, qui nous vient de Victor Hugo : « Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes, il n’y a que de mauvais cultivateurs. »
Doté d’un casting trois étoiles composé de Catherine Deneuve, André Dussolier et donc de Kheiron lui-même, sans oublier Alban Lenoir qui se conforte dans sa place d’étoile montante du cinéma français, Mauvaises Herbes est renforcé par de jeunes acteurs qui ne manquent pas de talent et qu’on espère revoir par la suite.
Côté réalisation, tout fonctionne parfaitement et on retrouve bien la patte qui avait fait de son précédent long métrage un film à part, entre humour et émotion savamment dosés, à la manière de grands films du genre tels qu’Intouchables. Parfois critiqué, notamment par son entourage professionnel, dans la construction de ses oeuvres, Kheiron, roi de l’impro et du stand up, nous livre une nouvelle comédie qui reste largement lisible dans son schéma narratif et après tout, n’est-ce pas là le plus important ? Et tout ceci sans parler de la bande son orientale qui saupoudre, une nouvelle fois, ce long métrage et qui apporte une touche qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans des comédies françaises habituelles, classiques et oubliables.
En résumé, Mauvaises Herbes est un long métrage avec du rythme, qui se veut éducatif, très drôle et sensible en même temps sans jamais être moralisateur. Parfois cliché dans certaines des situations abordées, le film se rattrape avec toutes ses autres qualités, c’est pourquoi on le suit tout de même avec grand plaisir sans s’ennuyer une seule seconde. Mauvaises Herbes pourrait même se targuer de pouvoir devenir un support pédagogique intéressant. Le film est diffusé lors d’avant premières relativement précoces partout en France pendant lesquelles vous pourriez avoir l’occasion de rencontrer Kheiron. Cependant, si vous ne l’avez pas vu d’ici là, foncez dans les salles obscures le 21 Novembre prochain et manifestez par là même votre intérêt pour les comédies intelligentes et créatives !