Avec ce Max et les Ferrailleurs, je vois un type de film devenu atypique dans la production du Sautet de l'époque mais aussi retour aux sources partiel puisqu'il a réalisé des oeuvres du même genre en début de carrière (Classe tous risques et L'arme à gauche, si je ne m'abuse) et, qui, en prime, m'a agréablement surprise.


Je concéderai que le polar n'est pas le genre qui a fait sa notoriété mais j'attendrai d'avoir vu les deux autres cités plus haut pour affirmer définitivement que c'est aussi celui dans lequel il n'excelle pas. Néanmoins, le cinéaste qui sait bien faire ressentir les choses de la vie va bien plus loin que ce dit genre, que, par ailleurs, j'apprécie beaucoup : je retrouve, tout de même, ici ce que j'apprécie chez Sautet et qui deviendra sa marque de fabrique à savoir son cinéma social qui dissèque merveilleusement les caractères pour offrir des portraits prenants (notamment ceux hauts en couleurs de la bande des ferrailleurs d'Abel) ; ses comédies de mœurs ; ses plans simples et fabuleux à la fois qui disent tout et rien mais surtout sa justesse que ça soit dans sa mise en scène, dans ses propos, ou dans sa direction d'acteurs . 

J'ai surtout été prise par le jeu et au jeu du duo central Romy-Piccoli qui est tout à fait fascinant. Leur relation particulière et leur alchimie/complicité n'a, à mon sens, jamais ou presque jamais mieux fonctionné que lors qu'ils incarnent des personnages aux caractères si affirmés et si différents comme ici. Ce qui participe encore plus de l'efficacité de la dynamique étonnante qu'ils créent entre eux, dans chacun de leurs films. En ce qui concerne Max, Sautet tire parfaitement partie de la complémentarité/opposition de leurs personnages, des contradictions dans lesquelles ils sont prises et en joue avec dextérité, contribuant à tisser une toile de fond machiavélique qui donne du relief à un scénario retrouvant l'ambiance des films noirs.


Niveau interprétations, je retiendrai donc bien sûr un Piccoli magnifique, sachant très bien orchestrer le retournement de ce policier et ex-juge d'instruction inquiétant, manipulateur, obsédé par le "flag" mais pas forcément adepte de la morale, obligé d'accepter un destin contraire et d'abandonner ses principes, campant, de la sorte, la parfaite figure d'antihéros, qui va devenir le Mastermind d'un type de crime, qu'il voulait empêcher, et


finissant même par rejoindre les Ferrailleurs là où il voulait les envoyer.


Par ailleurs, peut être plus subjectivement, j'ai surtout été marquée par Romy, naturellement. Livrant sa prestation la plus romyenne dans l’oeuvre de Sautet, l’Impératrice du 7e art est sublime, attachante et émouvante en prostituée un peu naïve et manipulée, tout en essayant de manipuler aussi (ou en le pensant). Je garde surtout en tête sa puissance de conviction muette sur les scènes de la fin, la fin choisie étant celle parmi les 3 entre lesquelles Sautet hésitait au départ, qui me semble posséder le plus de force dramatique, quitte à ce qu'elle verse un peu dans le mélodrame mais d'une manière que je considère comme parfaitement maîtrisée, en ce qui me concerne.

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le 19 déc. 2017

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Louve d'Avalon

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