Les failles humaines
Un an après Les Choses de la Vie, Claude Sautet retrouve Michel Piccoli et Romy Schneider pour Max et les Ferrailleurs, où il met en scène un flic solitaire qui va se consacrer à une affaire de...
le 29 sept. 2015
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Après l’immense succès des Choses de la vie, Claude Sautet retrouve Michel Piccoli et Romy Schneider pour un film d’une grande richesse thématique et esthétique qui revisite les codes du film noir avec un brio teinté d’ironie mais aussi de beaucoup de tendresse et de mélancolie. Un flic tordu, blafard et tourmenté souhait; une prostituée d’une beauté solaire dont la sincérité et l’esprit de liberté témoignent d'une totale absence de méchanceté mais aussi d’une grande naïveté; une bande de malfrats illettrés plutôt sympathiques dont on n’espère qu’une chose, c’est qu’ils ne passent pas à l’acte: le film joue habilement sur les contrastes entre deux communautés sociales que tout sépare. D’un côté, l’ordre et la justice bourgeoise avec des flics tellement obsédés par le besoin de résultats qu’ils font semblant de ne pas voir la machination odieuse de Max, de l’autre des sous-prolétaires insouciants et désœuvrés qui claquent au bistrot les maigres revenus de leurs minables rapines, vols de bagnoles ou de rouleaux de cuivre. Et entre ces deux mondes, il y a le couple improbable formé par Max et Lily. Le premier est presque trop ignoble pour un flic, la seconde presque trop gentille pour une pute mais entre ces deux êtres hors-normes, une étrange histoire d’amour se noue qui trouvera un épilogue pathétique dans une séquence finale que son irréalité ne rend que plus touchante. Pour Claude Sautet, Max et les ferrailleurs "n’est pas tellement un film contre la police, mais plutôt contre le stalinisme, un film qui se sert du cadre policier. » La théorie de la fin qui justifie les moyens, chère aux idéologues de tous crins, est illustrée ici par une histoire de flics et de voyous apparemment banale qui prend petit à petit une allure cauchemardesque. Stylisé à l’extrême, porté par des acteurs tous exceptionnels jusqu’au plus petit rôle, ce chef-d’œuvre du polar à la française se distingue par son extrême humanité et son ampleur quasi-shakespearienne autour du thème éternel de de la manipulation, de la trahison et de la rédemption.
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le 31 août 2020
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Max est flic, un flic fou de justice, extrémiste de l’ordre et psychopathe de la morale, c’est peu dire qu’il est inquiétant. Le genre de type qui plombe une soirée entre potes tant il est lourd.....
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le 16 oct. 2013
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Avec ce Max et les Ferrailleurs, je vois un type de film devenu atypique dans la production du Sautet de l'époque mais aussi retour aux sources partiel puisqu'il a réalisé des oeuvres du même genre...
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