Vraiment bien

C'est encore mieux que Vincent, François, Paul et les autres que j'avais apprécié malgré un scénario décousu. Dans Max et les Ferrailleurs, il y a une véritable histoire, un véritable enjeu, et en même temps, on retrouve le talent et la finesse de Sautet pour représenter des gens populaires dans des scènes quotidiennes. C'est qu'il n'est pas simple de décrire l'ordinaire.

L'histoire est intéressante car elle pose une question éthique: est-il juste de punir une injustice que l'on a soi-même influencée ? L'obsession de Max de prendre une bande de criminel en flagrant délit le pousse à leur donner l'idée d'un hold-up, via une subtile manoeuvre amoureuse. Mais qui est responsable, en définitive ? Max qui est à l'origine de cette idée, ou les ferrailleurs qui n'auraient jamais fait cela autrement ? Jusqu'où peut-on pousser un individu à mal agir pour le condamner ensuite? La justice admet que l'homme est libre de ses actes et que la responsabilité doit retomber sur celui qui décide librement d'agir, quelques soient les influences externes. Mais la question se pose ici.

Ce qui est particulièrement admirable dans le film, c'est le duo Piccoli-Schneider. La rencontre est captivante du fait de l'ambiguïté (ou de l'étrangeté) naturelle de Piccoli, alliée à l'esprit et à la beauté de Schneider. On a là un "couple" (si l'on peut dire) qui mérite fièrement sa marque sur le panthéon des duos romantiques d'Hollywood.

La fin est assez osée et je la conçois, même si je ne l'aime pas vraiment. Elle me paraît excessive, ou alors insuffisamment amenée. On parle quand même d'un personnage qui a tout calculé avec sang-froid pour réussir son flagrant délit, mais qui, sur un coup de tête, abat un flic et finira le reste de ses jours en prison. Bon allez, on va mettre ça sur le dos de la fougue amoureuse...