1 / Avant lecture du livre...
Max, un enfant de toute évidence autiste et sans aucun talent compensatoire, souffre de n'avoir jamais été correctement diagnostiqué ni suivi par un psychologue compétent. Il est hyper-actif, émotionnellement instable, et pour couronner le tout, il invente des histoires de vampires complètement nulles.
Pour ces raisons, il est mis au ban de sa famille. Un soir où il mord sa mère alors qu'elle avait un hot-date avec Mark Ruffalo, elle le gronde, comme le font les mères célibataires en pareil cas. Mais lui, il est autiste, alors il fuit dans la rue, dans son costume de loup.
C'est là que le film est sujet à diverses interprétations sur la réalité tangible ou non de "L'Ile aux Choses", mais en fait, je m'en cogne.
Si l'Ile est le fruit de l'imagination du gamin, bah il sait imaginer une foret, une plage et un désert. Basta. Et si l'Ile est sensée être "pour de vrai mais magique" alors c'est l'Auteur qui est à remettre en cause !
Quelle que soit l'hypothèse, Spike Jonze fait un étalage de redites dans une structure extrêmement pénible : Découverte-Action-Blablah tu comprends petit ? - etc, jusqu'à la nausée. D'autant que chaque phase sera TOUJOURS filmée pareil : il n'y a qu'une seule façon de couvrir un dialogue, qu'une seule façon de filmer quelqu'un qui court comme un dératé, qu'une seule façon de filmer des Choses qui s'amusent à se foutre sur la gueule...
Where the Wild Things are est un film sur la perte progressive et inéluctable de tout talent créatif. Et ayant grandi avec L'Histoire sans Fin je trouve difficilement les mots pour vous dire à quel point ce malheureux film m'a fait pitié, tant formellement qu'intellectuellement...
Les deux œuvres originales ont le même schéma : Garçon brimé - évasion dans une monde alternatif - aventures et épiphanie - retour au bercail dans un meilleur état. Du pur Roman d'apprentissage.
Mais dans le film de Spike Jonze, les seules réalisations auxquelles l'enfant pourrait parvenir sont débiles : " Carol est incontrôlable, c'est pénible d'avoir à gérer quelqu'un comme ça ! " ( ça te rappelle rien, connard ? ) ou encore pire : " Non, finalement je ne suis pas un Roi, je suis un petit garçon. " Whoaw ! Une putain de révolution !
Alors évidemment l'intégration technique des Choses à l'écran est sans faille, mais bon... maintenant qu'on sait faire ça, faudrait songer à ECRIRE les films, non ?
A la fin, l'enfant retourne chez lui sans avoir été dévoré par les choses ( une première selon leurs propres dires ) mais il n'a rien amélioré ni chez eux ni chez lui. La preuve en est : cette somptueuse scène émouvante où il se sépare de Carol en hurlant comme un loup... Super. T'as fait le voyage pour rien, petit.
Et en effet, il rentre chez lui en courant et en aboyant aux chiens du quartier. Toujours aussi autiste. Toujours pas aidé par quiconque, puisque sa mère l'accueille à bras ouvert avec un bon gueuleton, même pas le maïs surgelé promis... alors que n'importe quel parent serait au bord de l'apoplexie : " T'étais où ?? On s'est fait un sang d'encre !! Ne refais plus jamais ça !!! "
Donc toute cette histoire n'a servi à rien, ni à lui, ni à moi, ni à Mark Ruffalo...
Ce film est une véritable misère pour la psychologie de l'enfant, et le simple fait que ce film soit vu par ceux-ci me chagrine et me terrifie : je n'ose même pas imaginer les films qu'ils feront et aimeront dans 25 ans...
2 / Le week-end dernier, j'ai lu le livre...
Nom de Dieu ce film est encore plus une saloperie que je ne le pensais...