Double vie

Afin de se préparer pour un rôle, une actrice rencontre une femme qui, vingt ans plus tôt, a crée le scandale en s'amourachant d'un garçon de 12 ans alors qu'elle en avait 36.

Le temps passant, je trouve que Todd Haynes se fait rare sur nos écrans, mais toujours avec une certaine habileté pour passer dans divers genres. Après le mélo sous influence Douglas Sirk, il avait donné naissance au très fort Dark Waters en 2020, et là, il propose un portrait de deux femmes, très bien jouées par Julianne Moore, celle par qui le scandale arriva, et Nathalie Portman, par ailleurs productrice. Et quelque part, je trouve que le bat blesse, car elle est omniprésente à l'image, et semble jouer son rôle comme si sa vie en dépendait. Avec parfois des scènes à la limite du ridicule alors qu'elles doivent être poignantes, comme une confession face caméra, et qu'elle penche la tête en arrière comme si elle avait fait un gros effort.

Tout au plus j'ai apprécié (une fois de plus) Julianne Moore, toujours aussi flamboyante, qui vit désormais quasiment en recluse, qui avait donné naissance à son enfant en prison à cause du scandale, mais qu'on sent brisée de l'intérieur. D'ailleurs on voit bien la forte relation amicale qui lie le réalisateur à l'actrice qu'il a filmée plusieurs fois (dont le magnifique Loin du paradis), et qui semble avoir ses faveurs. Et il arrive tout de même à nous rendre insupportable la très belle musique du Messager de Michel Legrand qu'on entend ad nauseam. Tout ceci en fait une énorme déception, après avoir lu des dithyrambes lors de Cannes 2023.