Métamorphose narcissique
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Le film May december de Todd Haynes aurait pu traiter du rapport entre deux femmes : celle qui doit incarner l'autre et celle qui doit se laisser découvrir. Quelles sont les limites pour l'une et l'autre. Qui impose quoi ? Jusqu'où une actrice peut elle aller pour mieux cerner son personnage (encore vivant). Ce sujet de scénario de film aurait suffit à lui même. Finalement il n'est que superficiellement traité. Une scène rapide de rencontre avec des étudiants, une scène de maquillage (la meilleure du film), la scène finale... Mais c'était une fausse piste que le réalisateur emprunté pour raconter l'histoire de Gracie (Julianne Moore) ou plutôt les conséquences, un quart de siècle plus tard, de ce scandale. A 34 ans, cette enseignante séduit un élève de 5e, a fait de la prison, a épousé ce Joe (Charles Melton) avec qui elle a eu 3 enfants et vit toujours avec lui 24 ans plus tard. Leurs enfants, étudiants vont quitter le foyer. Un foyer qui semble heureux en surface. Qui a accepté que leur histoire scandaleuse soit l'objet d'un film. Et arrive celle qui jouera son personnage à l'écran, la divine Elisabeth (Nathalie Portman). Discrète, polie, pas trop intrusive, elle semble avancer sur la pointe des pieds mais avec témérité et professionnalisme et finalement peu bienveillante, viendra déstabiliser un couple (et son entourage) qui n'a pas soigné ses terribles traumatismes, se réfugiant dans le déni. L'une confectionne des gâteaux toujours plus élaborés pour un voisinage qui joue le jeu, l'autre s'extasie devant l'éclosion des papillons. Peu à peu cette surface fragile et fine se craquelle. Les deux actrices sont formidables mais c'est à Charles Melton que l'on doit les moments d'émotion et son personnage s'épaissit au fil de l'intrigue pour en devenir central. Un film étrange et troublant.
Créée
le 31 janv. 2024
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