L'avantage quand on ne connaît pas la vérité c'est que l'on peut toujours l'inventer. C'est ce qu'a réalisé Olivier Py avec son premier film Le Molière imaginaire retraçant ses deux dernières heures. Si Py n'est pas un spécialiste de Molière il est un homme de théâtre, à la fois auteur et comédien, metteur en scène (y compris d'opéras) et ex directeur du festival d'Avignon. Autant dire que sa légitimité à traiter le sujet est entière. Si son parti prix est singulier, audacieux et réaliste, il s'appuie aussi sur des vérités reprises par les historiens. Mais surtout il reprend bon nombre de rumeurs courant à l'époque, insistant sur son homosexualité avec le jeune Baron (interprété par Bertrand de Roffignac qui a également co écrit le scénario avec Olivier Py) jamais prouvée. Surtout Py rend crédible son évocation en nous invitant dans le théâtre du Palais Royal, dans la salle, sur scène mais surtout dans ses coulisses. Éclairées à la bougie, les scènes se déroulent comme un fil en long plan unique en costumes et décors d'époque sans oublier les us et coutumes d'alors qui peuvent paraître incongrus à un oeil contemporain. On est transporté dans le monde de Molière. Un Molière qui sait qu'il va mourir qui se sait trahi par ses proches, oublié par Louis XIV, inquiet sur le devenir de sa troupe. Alternent des scènes émouvantes, fantaisistes, exaltées qui traduisent la vie d'une troupe de théâtre. Un trio convaincant : Laurent Lafitte, au mieux, une Armande très fine (Stacy Martin) et un Baron parfait. Un premier film pour Olivier Py. Réussi.