L'Imaginaire malade
Le Molière imaginaire est un film qui a le mauvais goût de nous spoiler dès le début par un carton indiquant que son personnage, un certain Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, va mourir et même...
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le 15 janv. 2024
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Le Molière Imaginaire nous plonge au cœur du théâtre du Palais-Royal (ou du moins une version fantasmée de celui-ci) le 17 février 1773 pour vivre les deux dernières heures de la vie de Molière à travers un long (faux) plan-séquence foisonnant. C’est une expérience hybride que nous offre Olivier Py, aussi cinématographique que théâtrale, aussi triviale qu’onirique. Alors qu'il joue Le Malade Imaginaire pour la dernière fois, Jean-Baptiste Poquelin passe de la scène aux coulisses où il va errer entre fantasmes, rêveries et très concret héritage. C’est toute la vie de l’auteur qui est condensée sur ces courts moments, certains factuels, d’autres imaginés ou extrapolés. L'occasion pour Pi d'évoquer la bisexualité supposée du dramaturge en offrant les deux plus belles partitions à son amour passé, Madeleine Béjar, interprétée royalement par Jeanne Balibar lors d’un court mais émouvant interlude, et son amour présent, incarné par l’impudente et ambitieuse jeunesse du Baron.
Sa mise en scène est outrancière, virtuose et novatrice dans sa manière de faire voyager sa caméra. Elle s’engouffre dans les coulisses, descend sous la scène par une trappe, s’élève dans les loges par divers escaliers, scrute l’orchestre et passe en revue une foule enthousiaste.
Il révèle dans le public un bestiaire de personnages aussi grotesques que truculent dont émergent trois vieilles femmes surpoudrées jacassant telles les pythies de ce petit monde. Le plan est construit pour donner l’illusion d’être filmé d’une seule traite, passant du lumineux au crépusculaire, saisissant tout ce qui agite la pysché de Molière à ce moment-là, la transmission, l’héritage, la jalousie aussi. Et ça parle aussi, beaucoup. Un texte souvent ardu, parfois maladroit dans sa volonté de coller au style de Molière, mais illustrant ses rencontres en songe ou en chair et en os. Plus souvent en chair d’ailleurs, la réalisation de Py étant très charnelle. Mais toujours marquée par l’attachement viscéral du dramaturge à sa condition de comédien.
L’exercice est riche, très référencé (je dois en avoir 10%), très stimulant mais aussi trop long et un peu épuisant. Ses auteurs, ses acteurs viennent du théâtre et ça se voit. Malgré le du plan-séquence, Py n’échappe pas au piège du théâtre filmé, ce qui peut être excluant pour une partie du public.
Mais Le Molière Imaginaire est aussi et surtout une déclaration d’amour au théâtre, et sans doute un peu plus que ça. Une profession de foi.
Créée
le 15 févr. 2024
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