Je me suis précipitée. J'aime tellement Molière ! Mais que diable suis-je allée faire dans cette galère ?

J'aurais tout aussi bien pu éviter de vous parler de ce film car je passe désormais le moins de temps possible à m'agacer sur les films que je n'aime pas mais celui-ci m'a paru tellement détestable que je tiens à partager mon courroux (coucou) avec vous.

Cela ne commence pas trop mal et même plutôt bien puisque l'on surprend Molière allias Laurent Lafitte (plutôt bon) devant son miroir en train de tester plusieurs façons de déclamer sa prochaine tirade. Mais la première impression favorable fera long feu ! La pièce est en cours et nous ferons de constants allers-retours entre la scène, les coulisses et quelques loges au moyen d'un interminable plan séquence de 94 minutes aussi inutile que chichiteux. Comme chaque soir Molière monte sur la scène du théâtre du Palais-Royal pour jouer le rôle d'Argan dans sa pièce Le malade imaginaire et plus que jamais il tousse et crache le sang. Le poumon vous dis-je ! Nous sommes le 17 février 1763 et ce sera la dernière représentation du plus célèbre des comédiens dramaturges.

Selon les haltes de la caméra mouvante s'expriment différents spectateurs, commères et autres ecclésiastiques ou nobliaux empanachés. C'est d'un banal, d'une prétention et, pourquoi ne pas oser le mot : d'une nullité !!! Rapidement je me suis senti écrasée, oppressée dans des décors à dominante rouge (ma couleur préférée pourtant), sous des tentures soyeuses et des lambris rutilants à écouter des acteurs proférer des platitudes ou des répliques minables ("ce n'est pas mon malade qui est imaginaire, c'est mon imaginaire qui est malade"... Ô my god !!!) et évoquer l'après Molière qui ne va pas tarder à rendre l'âme. Evoquer ou imaginer la bisexualité de Molière, mettre nu Michel Baron nouveau venu dans la troupe dans un bain de lait (c'est normal au Palais Royal on prend son bain dans les loges) scène aussi désagréable qu'interminable, qui roule des pelles au maître et se fera pendant tout le film tripoter, peloter, embrasser par à peu près tout le monde, quel est l'intérêt ? Un gros bordel que ce théâtre où tout le monde se court après, s'embrasse, se bouscule, se tripote. Infernal à regarder et à entendre car on crie aussi beaucoup, que dis-je on hurle, et on se demande comment les spectateurs n'entendent pas davantage ce qui se passe en coulisses que sur la scène !

Au cours de sa dernière heure de vie, Molière semble faire le bilan et vouloir laisser ses consignes. Je ne sais pas trop. Il doit "gérer" les dettes, les amants, sa femme Armande, le fantôme de Madeleine, pleurnicher sur l'absence du Roi à la représentation et refuser de renier son métier de saltimbanque pour obtenir des obsèques religieuses : "je suis au service du Roi, pas à celui de l'église". Et pour signifier la mort, que trouve le réalisateur ? Des masques de têtes de mort sur des corps nus évidemment ! Artifices aussi patauds qu'inutiles.

Et que dire des costumes et des maquillages surtout ? Enfarinés à outrance, le maquillage dégoulinant, aucun acteur n'a une apparence regardable. Que dire aussi de ces deux bouffons qui se disputent la gloire d'avoir été le modèle pour le Trissotin des Femmes savantes ? L'honneur en reviendra à celui qui, cul nu, éteint une bougie en pétant ou peut-être à celui qui assure que le "le pal, supplice qui commence si bien, et qui finit si mal". En outre, la scène du "poumon vous dis-je" est totalement ratée car Toinette est horriblement mal interprétée. Quant au trois commères, interprétées par feue Catherine Lachens, la presque centenaire Judith Magre et Dominique Frot, elles ne m'inspirent qu'une réflexion : est-il possible de suggérer à Dominique Frot (ne pas confondre avec Catherine Frot dont la voix est un délice) d'arrêter le cinéma, ses vociférations de plus en plus inintelligibles sont vraiment très désagréables à l'oreille ?

Outrancier, grimaçant, tapageur, jamais fin, encore moins drôle, le film dont je ne sais à qui il s'adresse a peu de chance de devenir aussi populaire que le théâtre de Molière. Mais je me trompe peut-être.

Outrancier, grimaçant, tapageur, jamais fin, encore moins drôle, le film dont je ne sais à qui il s'adresse a peu de chance de devenir aussi populaire que le théâtre de Molière. Mais je me trompe peut-être.

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le 18 févr. 2024

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