May December
6.5
May December

Film de Todd Haynes (2023)

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Un portrait fascinant de 2 femmes et de 2 actrices

May December est le dernier film de Todd Haynes et comme on peut s'y attendre, connaissant le bonhomme, c'est un drame psychologique intense et poignant, qui plus est, servi par deux grandes actrices (Natalie Portman et Julianne Moore). C'est d'ailleurs la meilleure performance et le meilleur film de Natalie Portman depuis bien longtemps ... depuis Black Swan (2010), en fait ! Quant à Julianne Moore, dont le talent n’est plus à démontrer, ce n'est pas la première fois qu'elle joue ce type de rôle, de femme très fragile psychologiquement. On l'a vue dans des rôles similaires auparavant (Boogie Night, Magnolia et Les Fils de l'homme entre autres) et une nouvelle fois ici, elle est épatante.

Elizabeth (Natalie Portman) est une jeune et belle actrice qui vient s'immiscer dans la vie d'une famille au premier abord normale, afin de s'imprégner de la mère de famille qu'elle s'apprête à incarner sur grand écran. Cette mère de famille, c'est Gracie (Julianne Moore), dont la vie sentimentale avait fait la une de la presse people vingt ans plus tôt, en raison de sa relation avec Joe (Charles Melton), un Américano-Coréen alors âgé d'à peine 13 ans et qui deviendra ensuite son "jeune" mari (et "jeune" père de ses enfants). Le titre du film May December fait donc référence à un terme anglo-saxon désignant une relation entre deux personnes ayant une très grande différence d'âge. En France, on appelle ça "une Macron".

Dans May December, Todd Haynes aborde des sujets qui sont extrêmement dérangeants, que ce soit la relation passée et présente entre Gracie et son "jeune" mari, ses problèmes psychologiques, sa rigidité à diriger sa vie et celle des autres, sa détermination pour parvenir à ses fins, les dommages sur les enfants (et sur le mari bien évidemment), la manière dont une personne venant de l'extérieur (Elizabeth) réussit à s'immiscer dans leur vie et tenter de devenir l'autre. La fascination d'Elizabeth pour Gracie est malsaine, mais d'une certaine façon, Elizabeth ne représente-t-elle pas aussi notre fascination pour Gracie et pour son histoire trouble ? En fait, toutes les relations sont troubles et ambiguës dans ce film.

Et puis May December ne serait pas un film aussi dérangeant, sans la musique composée par Michel Legrand et reprise par Marcelo Zarvos pour construire la BO du film. Ce thème construit en boucle, crée une sensation de drame inéluctable et ça fonctionne parfaitement. Todd Haynes traite cette histoire (l'enfance sacrifiée par l'immonde cruauté des adultes), sans jamais verser dans le drame inutilement lourd et attendu. Au contraire, il la traite avec un cynisme naturel et assumé. Et quand le récit commence à virer au tragique absolu, au moment où on en apprend un peu plus sur le passé trouble de Gracie, il finit par le déconstruire à la toute fin du film ...

Quand le fils de Gracie raconte à Elizabeth que sa mère a été victime d'inceste, Gracie prétend que tout ça, c'est du pipeau.

May December est un film très subtil qui peut être interprété de différentes manières. Pourquoi Gracie est-elle à la fois aussi sensible et autoritaire ? Son "jeune" mari est-il sous son emprise ? Et les enfants, comment voient-ils leur mère ? Et Elizabeth, que recherche-t-elle en s'immisçant dans la vie de Gracie ? Veut-elle lui rendre justice, ou plutôt montrer ses troubles de la personnalité et du caractère ? Laquelle prendra le dessus sur l'autre ? Il nous vient pleins de questions pendant le visionnage et auxquelles on n’aura pas vraiment de réponses claires et directes ! May December, c'est vraiment un très beau film, avec deux actrices au sommet de leur art, une musique de Michel Legrand magnifiquement adaptée et qui nous transporte durant tout le film.

Créée

le 28 févr. 2024

Modifiée

le 28 févr. 2024

Critique lue 38 fois

7 j'aime

lessthantod

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