J'aime le polar-d'action-Français depuis aussi longtemps que j'aime le cinéma. J'ai vu Le Marginal en salle avec mon père, je ne me souviens que d'une chose : Bebel qui saute d'un hélico sur un hors-bord pour péter la gueule à des malabars... Et pourtant c'est sans doute pas un grand film, preuve s'il en fallait qu'il n'y a pas besoin d'être une grande œuvre humaniste pour marquer. La générosité sait se substituer à l'ambition.
Fred Cavayé se revendique clairement de ce cinéma là. Epuré, direct, sacrifiant la raison sur l'autel du sensationnel. Qui peut lui en vouloir, d'ailleurs ? Tant d'illustres prédécesseurs ont foulé ce sol fertile...
Mea Culpa ne fonctionne pas du tout. Je veux dire par là que, sans lui faire de procès d'intention, Fred a salopé son film comme c'est pas permis. Le situant dans un monde onirique digne de Lewis Carroll, où un réseau criminel fraichement établi a pour premier réflexe d'attirer l'attention en tuant des tas de figurants dans la première bobine, où un malfrat russe athlétique se fait distancer par un CM2 au 100 mètres et une pauvre Citroën rattrape un TGV, où les TGVs ne s'arrêtent pas quand ils percutent des malfrats de plein fouet, où les putes de luxe racolent dans les boites fluos... Bref rien ne marche. Rien de rien. Et ne venez pas me parler de suspension d'incrédulité quand il y a aussi de sérieux problèmes de châssis d'incrédulité, de pot catalyseur d'incrédulité et de bloc moteur d'incrédulité !
Comment vibrer devant cette enquête quand on ne croit en rien ? Quand le "on-n'a-qu'à-dire-que" règne en maître sur une narration sans foutu intérêt ? Entre deux scènes de vestiaires totalement inutiles, Vincent pète des gueules, intimide des perfusions, et tire des balles à travers des rideaux opaques au gré des caprices infantiles de Fred Cavayé.
Et il ne trouve pas cette fois la mise-en-image qui relevait le plat d'A Bout Portant, qui souffrait également d'être pas écrit, mais savait se montrer un minimum nerveux. C'est filmé de façon totalement aléatoire, couvrant systématiquement 8 ou 10 angles sous différentes focales pour laisser le monteur se démerder... Le résultat : aucune scène ne me semble être le résultat de choix, et toutes sont aux autres semblables. Même la carrosserie d'incrédulité est à revoir, finalement !
J'ai donc beaucoup grincé des dents, pouffé d'indignation, failli quitter la salle pour la première fois de ma vie... Mais je voulais confirmation que le titre m'avait bel et bien dévoilé la révélation finale, scène totalement ridicule qui m'a fourni un fou-rire nerveux. Bon c'est déjà ça de pris, vous m'direz, mais putain ça me fais chier qu'on ne puisse décemment pas défendre le cinéma de genre en France ! Quand y'en a qui pointent le bout de leurs nasaux ils font de la merde-en-tube de cet acabit ! Fais chier quoi ! Non mais c'est quoi cette merde !?