Little Italy.
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le 3 mars 2013
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Mean Streets est une oeuvre authentiquement moderne et original. Il marque le triomphe d'un cinéma hautement personnel, presque autobiographique. Le film baigne dans une atmosphère unique, les personnages évoluent dans l'obscurité des bars, cernés de lumière et de couleurs crues. Il possède son propre rythme troublant et fragmentaire, et nous propose dès les premières minutes une des séquences les plus mémorables de la filmographie du grand Scorsese : l'entrée de Robert De Niro aka Johnny boy, avec la célèbre musique des Rolling Stones "Jumpin' Jack Flash". À l'époque, les spectateurs l'ignoraient, mais cette séquence n'illustre pas seulement le début d'un (grand) film. Elle pose également les bases du cinéma d'un des plus grands réalisateurs de tous les temps : Martin Scorsese.
Un des grands attraits du film, c'est la manière dont le cinéaste trace des liens entre catholicisme italien et crime, le péché et le crime. Mais Charlie, le personnage principal interprété par Harvey Keitel, n'est pas un pécheur décomplexé. Il est tellement effrayé à l'idée de brûler en enfer qu'il brûle déjà dans sa vie d'homme. Comme il a peur de tout, il est l'ami de tout le monde. Toujours soucieux de conserver de bonnes relations. Il lèche les bottes de son oncle Giovanni (Cesare Danova), le boss de la mafia, et délaisse ceux qui comptent vraiment pour lui : sa petite amie Teresa (Amy Robinson) et son copain Johnny Boy (Robert De Niro), un joueur compulsif et irrationnel, qui n'a aucune notion de l'argent. Dans ce monde, la famille ne vous protège que si vous courbez l'échine devant vos puissants aînés.
Mais Johnny Boy n'est pas de ceux-là. Il méprise toutes les règles et refuse de bien se tenir. Il est intrépide et cinglé (pas totalement non plus). Rien ne vient expliquer sa folie (heureusement, car expliquer la folie est la chose la plus stupide qu'un film puisse faire).
Quand, à l'adolescence, on fréquente une personne à la fois audacieuse et folle qu'on ne peut s'empêcher d'admirer (et la plupart d'entre nous ont eu cette expérience), on ne se demande pas comment ce sublime détraqué est devenu ce qu'il est, tant il semble jaillir tout droit d'une lanterne magique. C'est ce que le film raconte. Charlie est impressionné par l'insouciance de Johnny Boy, le seul parmi ce groupe de voyous et de racketteurs minables à être son propre maître. C'est lui le véritable héros. Nous voyons l'action à travers les yeux de Charlie, qui, lui, représente la vision la plus négative que Martin Scorsese ait de lui-même. Quand les réalisateurs mettent un alter ego à l'écran, il s'agit souvent d'un personnage introspectif et passif, témoin de l'action qui se déroule autour de lui. Scorsese réussit un tour de force beaucoup plus complexe, parce que la conscience de Charlie, véreuse et rongée par la culpabilité, nous est détestable, alors même qu'elle est le prisme à travers lequel l'histoire est racontée.
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Créée
le 12 avr. 2023
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