Meat Grinder par cherycok
Meat Grinder fait parti de ces films qui me font poser cette question après leur visionnage : « J'ai aimé ou je n'ai pas aimé ? »... Et en continuant à y réfléchir, je n'en sais toujours rien. Même si de premier abord, en lisant le scénario, on pense de suite au mythique The Untold Story avec Anthony Wong avec son restaurant cannibale... Mais là où le film de Herman Yau jouait souvent sur le ton du second degré et du grand guignol, Meat Grinder se rapproche lui beaucoup plus du drame, parfois à la limite du film d'auteur...
La première chose qui rend ce jugement si difficile à faire, c'est la mise en scène. Le réalisateur nous balade de flashback en flashback, à tel point qu'on ne sait plus au bout d'un moment à quelle « époque » du film on se trouve. Les différents filtres (noir et blanc, bleuté,...) lors des scènes, censés nous indiquer à quel moment de la vie de l'héroïne on se trouve sont souvent trompeurs et on a vraiment l'impression que Tiwa Moeithaisong cherche à nous balader et surtout à nous embrouiller complètement. Bien entendu, on arrive toujours à se repérer mais cela rend parfois la compréhension laborieuse et pourra vraiment en ennuyer certains d'autant plus que le premier tiers du film est relativement lent, voire parfois ennuyeux.
Mais c'est ma fois ce qu'il faut pour développer ce personnage principal complexe, parfois à la limite de la schizophrénie, interprété avec vraiment beaucoup de justesse et qui, malgré les carnages qu'elle commet à grands coups de hachoirs, ne peut qu'attirer notre sympathie et notre attachement. Derrière ce monstre se cache une petite fille violentée, humiliée, violée par son père... une petite fille à qui la vie n'a jamais sourit et qui a fait naitre en elle un démon rempli de haine et de vengeance et dont la fureur va se déclencher lorsque cette dernière tombera amoureuse...
Et la demoiselle ne fait pas dans la dentelle en nous livrant par exemple une scène d'anthologie dans son restaurant, en assassinant trois récolteurs de dettes venus chercher leur dû au mauvais moment, à grand coup de hachoir. Le sang coule à flot et la violence n'est que rarement suggéré mais ne tombe jamais dans le grotesque. Ca en est parfois malsain avec des tortures atroces que le personnage inflige à ses victimes souvent encore vivantes, leur coupant membres ou simplement de fines tranches de muscles alors qu'ils sont juste endormis, pour les broyer et les servir cuisinés dans son restaurant...
Ces scènes gores sont légions dans la deuxième partie du film et même si la fin pousse un peu en longueur on est quand même subjugué par le spectacle qui nous est proposé, à la fois partagé par tant de barbarie et par tant d'empathie qu'on ressent envers l'héroïne malgré ses actes.
Tiwa Moeithaisong livre avec Meat Grinder un film vraiment à part des autres productions d'horreur thaïs actuelles, un film qui ne laissera personne indifférent qu'on aime ou pas, qui il faut l'avouer remue quand même un peu les tripes, qui pourra mettre mal à l'aise certains, et qui peut être difficile de regarder dans le cadre d'un divertissement tant le sujet traité est sérieux. Une impression bizarre qui m'empêche de lui mettre une trop bonne note...