Aussi précis que timide
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Media crash est un format long d’investigation sur les causes de la concentration des médias, la pression étatique sur la liberté de la presse et l'appauvrissement des opinions dans le média public qu’elles engendrent. Malgré une distribution restreinte, le film poursuit sa route avec déjà 4 semaines en salles pour le moment. Les journalistes Valentine Oberti et Luc Hermann s'appuient sur leurs propres enquêtes, sur de nombreux témoignages du milieu journalistique et médiatique et, quand ceux-ci ont accepté, de plusieurs contradictoires.
Les modèles économiques de la presse aujourd'hui sont dépendants du financement publicitaire qui lui-même dépend de grands groupes industriels souvent proches des politiques. Les 2 journalistes pointent ainsi les inévitables conflits d'intérêts entre les financeurs des médias et les sujets qu'ils peuvent être amenés à traiter. Avec l’appui des études des chercheurs du CNRS le film montre que ces conflits conduisent à l'appauvrissement du nombre de sujets traités dans la presse et à la polarisation des débats, grandement aidé par l'ascension d'animateurs vedette comme Cyril Hanouna.
Plus de la moitié du film est consacrée cas Bolloré, presque un cas d’école tant l’homme d’affaires manque de subtilité. Il a acheté pléthore de médias et groupes médiatiques, en a refaçonné les directions et les lignes éditoriales malgré les grèves et les protestations et n'hésite pas à y imposer son idéologie. Media Crash va plus loin en soulignant comment l'industriel utilise son statut pour limiter le travail d'investigation et d'information de la presse, soit en faisant pression sur les médias qu'ils possèdent ou sur les journalistes eux-mêmes via de multiples procès en légitimité, soit en coupant les revenus publicitaires de ceux qu’il ne possède pas.
Par la suite le film s’éloigne un peu de son sujet et j’ai plus eu l’impression qu’on cherchait à compléter une première enquête très fournie mais trop courte pour un long-métrage par d’autres portraits à charge. Si la collusion entre pouvoirs étatiques et pouvoir économique avec le cas de Fakir et Bernard Arnaud est grave et édifiante — d’ailleurs je dois vraiment voir Merci Patron !, elle n’est pas traitée au même niveau que la première partie. Il y a une forme de déséquilibre entre la première partie du film et les deux autres. Le cas des Échos est aussi un petit peu flou : s'agit-il vraiment d'une pression ou simplement d'une ligne éditoriale ? Attention je ne dis pas que ce qui est avancé est faux mais simplement qu'il me manque une analyse plus poussée dans ce systématisme.
Même si je sais que produire ce niveau d'enquête est déjà un travail de fond, il m'a manqué dans Media crash une vision plus d'ensemble — après tout on nous évoque bien plus de propriétaires pas seulement 3 — et davantage d'analyses sur la polarisation des débats et la baisse du nombre de sujets d'investigation. En un sens le film nous rend plus exigeants : En nous demandant de nous méfier des apparences et de demander plus de diversité dans le débat public, le film nous nous incite également à avoir plus d'attentes en termes de démonstration et d'analyse.
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Créée
le 19 mars 2022
Critique lue 54 fois
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