Non, ce n'est pas un film sur une histoire d'amour. Non ce n'est pas un remake de 500 jours ensemble comme j'ai pu le lire une dizaine de fois. Mais alors pas du tout. D'ailleurs pourquoi vouloir faire à tout prix de ce film une soupe romancée alors que nous en sommes très loin ?
Medianeras traite des diverses phobies liées à l'urbanisme, l'architecture, la folie de la vie des grandes villes. Les medianeras sont les murs mitoyens ; les murs des immeubles construits sans fenêtres pour laisser la place à un autre de venir s'y coller.
Martin est cloisonné chez lui et vit derrière son écran. Il fournit en voix off la liste des phobies qu'il s'attribue. Mariana serait plutôt agoraphobe et reste obsédée par un échec d'enfant : où est Charlie sur la double page de la ville ?
Gustavo Taretto ne s'attarde pas sur ces phobies et ne les filme pas réellement. Il tente au contraire de les mettre en relief dans le contexte de la ville et d'en chercher les voies de sortie.
Au travers de la description des immeubles de Buenos Aires, le début de Medianeras définit les comportements humains à l'aide de plans fixes qui pointent dans le ciel de la ville. Différentes faces, différentes couleurs, multiples ouvertures ou façades vides etc ; beaucoup de parallèles entre l'urbanisme et l'humain (que je ne vais pas répéter ici). Le propos est bien sûr très pertinent et remarquablement filmé.
D'ailleurs Freud était passionné d'archéologie, sans doute pour les mêmes raisons métaphoriques, et je me rappelle de ce vieux prof de fac bougon qui ironisait qu'architecte et psychologue étaient sensiblement le même métier.
Et puis un mur qui saute, une brèche qui s'ouvre, une lumière qui passe.
Mariana et Martin se croisent à la piscine, par leur fenêtre ou à la supérette d'en bas mais ils ne font que s'apercevoir. Comme si ces deux êtres qui vivent chacun dans leur enfermement respectif habitaient au contact de la solution, de l'amour. Comme si, sans le voir, le voisin (la voisine) appréhende la ville avec autant de difficultés sans pour autant que cela se voit.
Nos deux protagonistes, à force de se louper, finiront par se rencontrer et, on le devine assez vite, leur rencontre sera synonyme de porte de sortie de leurs phobies.
Une fin qui donne à Medianeras un ton certes un peu plus léger mais qui ne détourne pas franchement du propos soulevé tout au long du film.