Traité sur le ton de la comédie, le film a pour leitmotiv : comment combattre l’ennemi si on ne le voit pas ou plutôt, si on ne le reconnaît pas ? Les ennemis devenant tôt ou tard des alliés et vice versa.
Fidèle à la tradition de la comédie à l'italienne, et en hommage aux films de guerre italiens des années 50, Gabriele Salvatores trousse un portrait de groupe subtilement corrosif. Il y a du Monicelli dans ce Meditteraneo à l'humour noir et aux personnages désenchantés mais toujours sympathiques. La petite escouade de bouffons est campée par des comédiens excellents, dans la lignée de Gassman ou Sordi. Drôles malgré eux, peu conscients de l'absurdité de leur situation, ils incarnent l'Italien moyen, d'hier et d'aujourd'hui, velléitaire, toujours prêt à s'engager mais se réfugiant dans la fuite. Fuir la vie d'avant, les responsabilités familiales et politiques, quitte à le regretter plus tard sans vraiment assumer cette lâcheté ordinaire (le seul qui veut désespérément rejoindre l'Italie enchaîne les tentatives de désertions plus minables les unes que les autres...). Et le temps passe, nonchalant, l'Histoire se déroule hors champ. Salvatores a choisi de montrer l'absurdité de la guerre en l’opposant à un mode de vie simple et idyllique sur une île du Dodécanèse. La petite île de Kastellorizo, avec son hôtel unique, a d’abord accueilli l’équipe du film avec étonnement. Cantonnés dans des maisons de pêcheurs, vêtus de treillis, par plus de 50 degrés, les comédiens ont dû affronter des conditions de travail difficiles : "Je voulais que les acteurs éprouvent l’angoisse d’être isolés sur une île lointaine, qu’ils s’habituent progressivement à la chaleur, à la nourriture, à la mer. Je voulais qu’ils se détendent et qu’ils abandonnent leurs tenues militaires, tout comme leurs personnages ...
Et c’est exactement ce qui s’est passé...".
Gabriele Salvatores a reçu l'oscar du meilleur film étranger en 1992.