Young, wild & free (avec plein de spoiler dedans)
! VOUS SEREZ AVERTIS QUAND LES EFFLUVES DE SPOILER RESSORTENT !
Megan is missing, c’est le film le plus glauque que je n’ai jamais vu. Malgré ma personnalité passionnelle et ma tendance à abuser des hyperboles, je tiens à vous dire que ce film est vraiment terrible et dégueulasse.
Il est composé d’une distribution inconnue dont le réalisateur, qui a fait son premier film ici, a notamment œuvré en tant que directeur de la photographie dans des films plus ou moins connus et plus ou moins bons. Ce film dure à peine 1h30 mais croyez-moi, on pourrait penser qu’il fait le double.
En effet, si notre cerveau agirait seul, il nous amènerait à croire que ce film est d’une longueur impressionnante pour deux raisons. La première c’est que le début est très lent et ennuyeux. La deuxième c’est que les vingt dernières minutes du film sont écœurantes. En fait, on pourrait même dire que le film est divisé en deux parties.
La première partie c’est un petit peu Bernard De La Villardière qui fait un reportage en explorant la jeunesse d’aujourd’hui, on pourrait nommer cette partie « Young, wild & free », c’est vraiment construit comme un documentaire sur la jeunesse déjantée actuelle. La caméra aidant, on a juste l’impression de filmer des morceaux de vérités, des bribes de faits et gestes se passant dans toutes les soirées « normales » d’aujourd’hui.
La deuxième partie, c’est l’enfer, le vrai. Déjà que le début du film était clairement chaotique avec le comportement ahurissant des jeunes (qui ne sont encore que des enfants…), on ne pensait pas tomber plus bas. Et en fait si, on tombe encore plus dans les profondeurs bien dégueulasses, dans ce qui se fait de pire sur Terre.
Megan is missing se compose donc de deux parties, la peste et le choléra.
Comme je le disais plus haut, la caméra est une sorte de caméra-vérité ouvert sur le monde de nos jeunes têtes blondes qui préfèrent sucer des bites plutôt que des Mr Freeze. Cette caméra est au début très déstabilisante et limite empêtrante : c’est un téléphone, un caméscope ou surtout une webcam au début. Et l’idée de rester planté devant un décor fixe tout le long du film est frustrant. Cependant, ça permet d’être davantage réaliste et prenant. Puis on s’y fait vite. C’est une sorte de found footage mêlé à un documentaire télévisé. Et ce dernier est plutôt mal foutu et invraisemblable.
Mais tout d’abord, revenons à notre pitch de départ : Megan et Amy sont différentes, le jour et la nuit, et pourtant ce sont les meilleures amies du monde. Megan est délurée, belle, populaire et elle ose. Amy pourrait être son faire valoir : elle est moche (en réalité pas du tout, mais ils le disent tous, ces enfoirés), coincée et terriblement seule, mais Megan l’apprécie plus que ses autres faux amis. Megan a donc limite un rôle déstabilisant, c’est une reine des abeilles mais elle est amie avec une boloss. Dans tous les films, ce genre de personnage se fout ouvertement de la gueule de la perdante, mais là c’est pas le cas. Megan est donc une sorte de bimbo avec de la cervelle, elle est consciente du monde qui l’entoure et ça rend son personnage émouvant et touchant malgré les beaux a priori que tout le monde est capable de se faire.
On apprend que Megan collectionne les trophées sexuels mais aussi qu’elle a des circonstances atténuantes : abusée dans son enfance, elle est excusée d’être une nymphomane à 14 ans (pour certains ça justifie/excuse plus ou moins, mais ça reste une preuve de son comportement actuel), sa mère l’ignore totalement, ce qui pourrait alors montrer qu’elle est une proie plus facile pour les psychopathes et qu’elle est plus facilement crédule quand quelqu’un lui montre de l’attention.
Loin de moi l’idée de justifier les faits et gestes de Megan, mais je trouve certains compréhensibles.
C’est comme ça qu’elle rencontre Josh sur Internet, il est charismatique, impressionnant et il a l’air d’apprécier Megan. En plus, il connaît Machin, le pote de la voisine de Truc, et sait des choses personnelles sur elle, alors elle est presque obligée de lui faire confiance puisqu’il atteste son existence et la véracité de ses propos assez facilement, ce qui trompe Megan sans problème. Ils se donnent rendez-vous et elle disparaît.
Quelques jours après (pas avant !), tout le monde remarque son absence, inquiète depuis le début, Amy commence à interroger les amies de Megan qui se foutent allègrement de sa gueule encore une fois. Elle trouve Josh sur Internet qui lui assure qu’il ne l’a pas vue. La police s’en mêle, l’histoire est quelque peu romancée par les médias et Amy reste profondément seule, pensant que Josh est derrière tout ça. Alors qu’il apprend qu’elle s’intéresse à lui, il la menace et lui sort des choses très gentilles comme le fait que Megan l’a toujours détestée et s’est toujours foutue d’elle. L’enfer continue pour Amy qui n’a aucun indice sur le sort de son amie et qui semble être la seule à vraiment s’intéresser à ce qui lui est arrivé. Bien sûr, devant les médias, les copines de Megan font les belles et enjolivent la situation, mais on sait juste que ce sont des petites connes désirant attirer l’attention sur elles.
Filmant son investigation et sa vie sans Megan, Amy se fait enlever à son tour. On sent juste le drame arriver à grand pas quand une ombre commence à la suivre et à l’épier devant la caméra… Flippant.
! SPOILER A PARTIR DE MAINTENANT !
Comme si ça ne suffisait pas, le documentaire nous montre deux photos de Megan retrouvées sur Internet après sa disparition et le choc est immense. Les images d’elles sont juste horribles et il est impossible de les regarder très longtemps tellement c’est dérangeant. Elles sont bien crades et diffèrent complètement de l’image qu’on avait d’elle avant : hyper jolie, agréable… Maintenant elle est juste réduite à rien par son tortionnaire, comme pour se venger, comme pour la punir d’avoir été beaucoup trop belle et regardable auparavant.
On a donc basculé dans l’horreur et on retrouve Amy en sous-vêtements, dans le noir, enchaînée dans une sorte de souterrain où Josh l’oblige à manger à quatre pattes, pleurant. Lui, il la filme, imperturbable en lui donnant des ordres, on sent qu’il prend un malin plaisir à affirmer sa puissance et son autorité sur la pauvre adolescente. Alors on plaint carrément Amy, déjà qu’elle avait selon ses camarades, une vie ennuyeuse et banale, là, son calvaire et sa mort sont terribles. Parce que oui, Amy meurt, elle est même morte avant de mourir. Son kidnappeur la viole tout d’abord. On voit juste sa tête, filmée par la caméra de Josh et ce dernier qui prend son pied en gémissant de plaisir. Lui faisant croire qu’il la relâche, il lui promet de la laisser libre si elle se glisse dans un tonneau, pour ne pas qu’elle le dénonce, sauf que le tonneau contient le corps de Megan en décomposition avancée, ce qui fait hurler Amy. On comprend alors qu’elle ne reverra jamais ses parents et que ce tonneau sera son tombeau : elle est enterrée vivante dans cet espace confiné avec le corps de sa meilleure amie. Alors qu’il creuse, on entend Amy qui le supplie pendant de longues minutes de lui laisser la vie sauve, pour cela, elle essaye de l’amadouer, elle lui promet qu’elle l’aimera toujours, en vain. Cette fin est insoutenable, on a limite envie qu’Amy se taise et que le tueur en finisse au plus vite, c’est un supplice pour elle et pour nous…
Alors que le fameux Josh creuse donc, Amy le supplie de la laisser vivre. On pourrait croire qu’elle est calme, mais en réalité, elle est en train de mourir. Elle est même morte avant de mourir, et on a du mal à imaginer son calvaire : enfermée dans un espace confiné avec le corps de sa meilleure amie (avec une odeur sûrement irrespirable), personne pour la chercher et ce qui lui reste de vie aux mains d’un inconnu sadique. On peut dire qu’Amy garde espoir jusqu’à la fin. On peut même dire que comme Megan avant et comme Amy bientôt, l’espoir pourri et n’est sûrement pas à vie et irréductible comme on peut le penser. C’est pourtant la dernière chose à laquelle on s’accroche tous, mais là, même dans notre cas, il est bien inutile. Déroutant.
On peut dire que rien n’est « bien fait ». On s’attend tous au début du film, à voir des petites puputes qui méritent presque leur sort, mais il n’en est rien. Megan est certes délurée mais au fond, on sait que c’est une fille bien et intelligente. Je ne dis pas que les moches et les cons méritent de subir les pires atrocités je vous rassure, je dis juste qu’on a souvent trop tendance à chercher des causes qui expliqueraient le pire…
Le tueur ? On ne sait rien de lui, on l’appelle Josh mais ce n’est certainement pas son vrai nom. Et à vrai dire, il est terrible : on connaît de lui que sa voix, ses procédés, son ombre, mais jamais son visage et son prénom… Ca renforce complètement son côté sadique et aucune once de sentiment ne nous vient quand on l’évoque. Il est effrayant. Par contre, autant il est intelligent en cachant bien ses traces et est irréprochable à cause de son charisme et de sa manipulation, autant des fois on se demande s’il est pas un peu con vu qu’il laisse des preuves et sème les indices derrière lui (genre laisser la caméra d’Amy dans une poubelle avec la vidéo des sévices qu’elle a reçus) à la vue des policiers et de tous les journaux télévisés.
Megan is missing nous donne facilement une critique d’Internet et de ses excès : culte de l’apparence, hypersexualisation, moqueries en tous genres et facilités de communications… (Ces thèmes étaient présents bien avant Internet, j’en conviens, mais avec cet outil, ils ont l’air d’avoir été décuplés et exacerbés). Mais Internet n’est pas le seul à réprimander : le rôle des parents est majeur voire primordial, la mère de Megan est tellement indifférente que sa fille ouvre ses cuisses et sa bouche devant n’importe qui ou qu’elle parle et rencontre des gens qu’elle a connus sur le net… Mais le rôle de la société s’en prend aussi dans la tronche puisque la Génération Y est dépeinte plus que négativement (il faut cependant faire le tri des différentes utilisations faites des outils de communication, bien entendu) et l’importance des médias qui exagèrent, romancent et prennent la disparition d’une jeune fille comme un simple fait divers, le tout dénué d’émotion et de compréhension : tout est donné de façon abrupte aux téléspectateurs sans explication/interprétation de la part des journalistes. Cette morale, elle n’est pas clairement établie ni facilement dictée, mais elle se trouve simplement dans les indices laissés tout au long du film.
Au final, Megan is missing détient beaucoup d’erreurs, concernant la cohérence et la mise en scène presque invisible. Ca donne donc quelque chose d’assez brouillon et lent (au début). Mais en conclusion, malgré les défauts du film, c’est une vraie baffe qu’on se prend, le film est terriblement efficace et malsain qu’on ne pensait pas en ressortir chamboulé. Et pourtant, c’est ce qui s’est passé. Personnellement, je me suis sentie très mal à l’aise pendant les quelques jours qui ont suivi ma vision du film. J’avais cette impression que tout le monde était vraiment déglingué et que l’enfer n’est pas si abstrait que ça. Et pourtant, je ne suis pas une petite nature et j’ai déjà vu des trucs assez incroyables dans les films, mais là c’était impressionnant et déconcertant.
Je crois bien que c’est le premier film qui me fait ça.