Déjà commencer par dire que ce n'est pas une biographie de Bach; Le film il se concentre uniquement sur la période où il est allé à la cour de Frédéric II Le Grand '( de mémoire une semaine ou à peine plus ), rencontre qui fut source d'inspiration pour Bach puisque il donna naissance à son chef-d'œuvre "l'Offrande Musicale" (dont on entends le Regium tout au long du film). Donc il ne s'agit pas de faire pour Bach ce que Forman a fait pour Mozart dans le chef d'œuvre "Amadeus". .
Ce n'est un grand film mais l'évocation très honnête d'une rencontre.
L'action se déroule dans la ville de Potsdam à partir du 7 mai 1747, pendant quelques jours. Il raconte la rencontre entre le compositeur Jean-Sébastien Bach (1685-1750) et le roi Frédéric II de Prusse, dit « Le Grand » (1712-1786). Bach se rends à la cour de Postdam car son fils, Benjamin(Carl Phillip) Emanuel Bach, 28 ans, qui travaille comme claveciniste pour le roi de Prusse lui a demandé de venir pour être le parrain de son premier né. Bach se rends à Postdam à Potsdam, en compagnie de son fils aîné Friedmann.
Bach, 62 ans, luthérien, vieillissant, sur le point de devenir aveugle et fatigué par le long et dur voyage depuis Leipzig (son lieu de résidence et de travail), amoureux de liberté et de tolérance, est en proie à des insécurités dues à une cécité imminente et à une mort prochaine. Le roi, 35 ans, souverain depuis l'âge de 27 ans (1740), flûtiste amateur, amoureux des arts, admirateur de l'œuvre de Bach mais aussi jaloux, torturé par son père despotique depuis l'enfance en raison de son homosexualité, est à la fois tyran avec ses sujets et misogyne avec sa sœur, sa femme et le genre féminin.
Deux scènes assez dures dont au moins la première est historique montrent à quel point l'homosexualité De Frédéric II a eu de l'importance pour lui et par ricochet pour ses sujets. La cinéaste belge semble montrer que cette homosexualité à fait du roi un être extrêmement torturé , franchissant parfois les limites de la folie. Je ne sais pas s'il s'agit d'une lecture personnelle de sa part ou d'un fait historique certain...
Le film confronte les deux plus grands personnages de l'époque : un roi absolu, représentant du despotisme éclairé et du plus grand pouvoir du moment, et un compositeur âgé, estimé de tous, vaincu par les maux de l'âge. Le roi admire la musique de Bach et souhaite rencontrer son auteur. Bach admire le caractère ambitieux, décisif et expéditif du roi. Le film construit une fable qui cherche à analyser les profils psychologiques et humains de deux mondes différents, distants et contrastés sur de nombreux aspects. Il en va de même pour la force et la fragilité, le pouvoir royal et l'autorité morale, le despotisme et la tolérance, la cruauté et humanité, l'action gouvernementale et la création artistique, la domination et la soumission, les défis exigeants et les refus justes.
Ainsi, l'intrigue tourne autour du fait que Friedrich considère Bach comme le père idéal, rien à voir avec son père oppressif Friedrich I de Prusse ; et Bach voit dans L'Empereur le fils puissant et déterminé qu'il aurait souhaité, très différent de Carl Philipp Emanuel Bach musicien de Friedrich, trop soumis et marginal.
Donc, L'opposition des caractères forts et déterminés de Bach et Friedrich, donnera naissance à un recueil de canons, fugues et autres morceaux de musique, considéré comme l'un des grand chefs-d'œuvre de la musique, curieusement basée sur une air trouvé par l'Empereur.
Le film traite aussi de l'opposition entre les deux fils musiciens de Bach. La musique fournit donc une brève partition, faite de courts extraits composé par Bach, par ses fils et par "Johann Joachim Quantz" compositeur officiel de la cour de Potsdam. Mais à mon goût elle reste trop en retrait, airs . La photographie, prise à main levée, offre des cadres parfaitement dessinés et utilise une palette de couleurs neutres qui renforce la force du clair-obscur. Le cadre (costumes, décors et architecture) est excellent. Le scénario dessine les profils de personnalité des protagonistes à travers des approximations, des contraires et des contrastes. Les performances de Vadim Glowna (Bach) et encore plus de Jürgen Vogel (Frédéric II) sont convaincantes. La mise en scène crée une atmosphère enveloppante qui rapproche deux grands personnages historiques..
"La famille n'est pas éternelle, mais la musique l'est"!
Un film intéressant.