Les dernières images de Mekong Hotel résument bien l'esthétique de ce film documentaire à la limite de la performance artistique du cinéaste Apichatpong Weerasethakul: des formes mouvantes qui dansent sur le colossal fleuve Mékong en jet ski, dessinant des mouvements hasardeux et changeants dans l'espace visuel, libres.
Celles-ci ne relèvent pas des images les plus puissantes - on pensera plutôt à la frêle embarcation qui traverse lentement le fleuve au gré du courant. Mais, peut-on vraiment parler de travail visuel remarquable dans ce film plutôt bâclé du réalisateur primé à Cannes? Pas vraiment. Certes quelque photos, éparses, plutôt réussie. Rien de relevant.
A quoi a-t-on alors à faire? Là, entre deux rives, à un mélange des genres, entre fantastique et réalisme, documentaire et fiction, rêve et réalité. Et guère plus. Pas dé récit, donc, mais plutôt une écriture poétique. Un court et nonchalant songe les yeux grand ouverts, traversé par une infatigable guitare venue d'on ne sait où, le long duquel on se laisse dériver.