Mékong Stories est un de ces films à persistance rétinienne. On ne comprend pas tout à fait, en sortant, ce qui s'est passé, ce qu'on en a compris, si on a aimé. C'est sur la longueur qu'il se révèle, qu'il révèle toute la puissance de sa douceur.
Mékong Stories est un bout de voyage, sans début ni fin, dans la chaleur moite du Vietnam, entre ville est mangrove, entre jour et nuit, le long du Mékong, à travers la vie d'une bande d'amis.
Il y a la dimension paysagère. La nature comme les corps sont sublimés par un regard à la fois amoureux et distant.
Il y a la dimension sociale, qui nous fait explorer ce Vietnam du début des années 90.
On suit donc cette bande d'amis. En particulier Vu, jeune photographe que son père veut marier de force, Thang dont il est amoureux, qui est pour lui un protecteur et un faux grand frère et qui est empêtré dans des affaires dettes et Van, la compagne de celui-ci danseuse dans une discothèque et qui se rêve danseuse étoile. Chacun ses rêves, ses illusions, ses précarités, ses batailles. Et à tous une part d'amour sincère, parfois voilée, parfois honteuse, mais toujours là.
Il y a surtout toute la magie du traitement, des personnages, de l'image, de l'histoire.
La sensualité est traitée avec pudeur, la violence avec douceur, la précarité avec bienveillance, la souffrance avec grâce.
Oui, implacablement, ce film nous donne à voir la violence de la vie, son injustice, sa précarité. Et pourtant, tel le Mékong, ces personnages se frayent leurs chemins, peut être avec difficulté mais surtout avec certitude. Ils le font avec tellement de bonté et de sincérité que s'en est émouvant.