Mektoub, My Love

Kechiche, avec Mektoub, My Love, se perfectionne dans son genre.
Il retranscrit à la perfection les attitudes, les sentiments et les stratagèmes de la jeunesse d'aujourd'hui. Chaque réplique est un spectacle d'hyper-réalisme. Il est étonnant de constater qu'un réalisateur de son âge puisse aussi bien comprendre les rouages et les codes de la séduction actuelle. Il n'en serait rien sans les très bons acteurs qui sont tous faits pour leur rôle et dont il ne serait pas étonnant qu'il soient ainsi in the real life.
C'est un film contemplatif et prenant. Si par moments, nous sommes emportés par l'histoire et les frasques du petit groupe d'amis, il arrive de décrocher et de se rendre compte de la beauté du plan sous nos yeux: lumière, cadrage et jeux de couleurs, nous sentons Kechiche le photographe (et nous le retrouvons sous les traits d'Amin).
La mise en lumière du corps adolescent au cinéma (et la controverse après la sortie de La Vie d'Adèle l'a bien prouvé) apparait comme vicieuse. Kechiche porte simplement de l'amour à ces corps jeunes et cherche à les célébrer, sans aucune vulgarité, sans aucun filtre, avec simplement ce qu'ils ont de plus vrai: l'envie de se montrer et d'en jouir.
La scène de la brebis qui met bas dans la pénombre sur un fond musical de Lieder est un exemple de genre et est une preuve du grand professionnalisme de Kechiche et de sa vision photographique et poétique du cinéma.

La Vie d'Adèle était un bon film, Mektoub, My Love en est un meilleur.