Alors que la planète Melancholia se rapproche lentement de la Terre, une jeune mariée sombre inexorablement dans la torpeur et la mélancolie. Voilà qui résume à peu près cette oeuvre aussi fascinante que troublante qu'est Melancholia de Lars von Trier.
Il s'agit là d'un film très singulier face auquel il est compliqué de donner une quelconque explication. De quoi nous parle Melancholia ? De la tristesse ? De l'indifférence? De la mort ou bien tout simplement, et c'est ce que laisserai penser le titre, de la mélancolie ?
Personnellement je n'arrive pas à y voir autre chose qu'un grand film sur la mort et surtout l'acceptation de la mort. La mélancolie de Justine s'apparente beaucoup à une mort lente, elle n'a plus goût à rien, la célébration de son mariage la rend triste, elle peine à marcher, ne fait que dormir et la nourriture qu'elle préfère ne lui procure aucune sensation de bien être. De là à dire que Justine se meurt il n'y a qu'un pas. Mais cette dernière dans son malheur laisse entrevoir quelques éclairs de lucidité. Elle est à la seule à accepter vraiment le fait que Melancholia va tout détruire sur son passage, elle est la seule à accepter la mort de plus en plus imminente et inévitable.
Claire est son exact opposé, elle ne veut pas se résigner. Comme sa soeur elle finit par se rendre compte qu'il n'y aura bientôt plus d'issue.
Lars von Trier structure son film de manière à ce que le spectateur puisse se mettre dans la peau des deux personnages, donc des deux points de vue. Le rationnel et l’irrationnel. Le prologue fantasmé du début, au-delà d'un simple exercice de style vient surtout appuyer toute la sensibilité du personnage de Justine, son extra-sensibilité pourrait-on même dire puisqu'elle ressent les choses à travers sa torpeur.
Évidemment la planète Melancholia est une métaphore pure et simple de Justine. Toutes deux sont en symbiose. A l'image du mariage qui vole en éclat alors même qu'il commence, Justine est ailleurs et se désintéresse de ce qui devrait pourtant être le plus beau jour de sa vie. Melancholia nous parle de la fin avec un grand F. La fin du monde, la fin d'une histoire, la fin d'une vie. L'apocalypse.
Mais Melancholia n'en n'est pas pour autant un film pessimiste, car les personnages qui gravitent autour de Justine en étant ses exacts opposés viennent nous rappeler que tout se savoure avant que l'inévitable ne se produise. Chaque instant recèle d'un petit bonheur, la vie vaut la peine d'être vécue même si la mort en fera inévitablement partie. Les personnages secondaires finissent tous par être aussi lucides que Justine et c'est en cela qu'ils parviennent finalement à égaliser la balance. Si Melancholia est bel et bien un film qui nous parle de l'acceptation de la mort, il nous rappelle aussi qu'il faut savoir profiter de la vie sans être bercé d'illusions car elle est fragile.
Lars von Trier frappe fort avec son Melancholia, le film déroute, fascine, perturbe et met mal à l'aise. Anxiogène sous bien des aspects, il se révèle pourtant fort d'un message optimiste dans ses contrastes. Hommage flamboyant à l'art, Melancholia est un objet de fascination rare.