Wagner, encore, plans du cosmos aussi : impossible de ne pas penser à Tree of Life, vu deux mois plus tôt. Malheureusement le film de Lars Von Trier à au moins autant de défauts et touche beaucoup plus rarement au sublime.

Le film se divise en deux parties qui succèdent à une introduction de cinq minutes préfigurant la catastrophe qui attend la planète Terre. J'ai trouvé la première partie particulièrement ratée et la seconde plaisante.

On arrive sur la scène du mariage luxueux de Kirsten Dunst à bord de sa limousine dans la seule séquence intelligente (mise en scène et dialogues) de ce premier chapitre. Rapidement, la mariée est prise d'un petit blues, qui à mon avis est un cliché : il est connu que la cérémonie peut être une épreuve. La déprime va aller en grossissant. On la suit se démener dans la faune de ses convives : un défilé de personnages aussi ridicules qu'horripilants. Une mère dont le seul caractère est d'être désagréable, un père trop enjoué et paumé, le beau frère stressé, un patron caricatural, tout cela restant inexploité : les traits sont soulignés pour pas grand chose. Bref, c'est assez bête : à l'instant où le neveu du patron est introduit, on sait qu'elle se livrera à lui dans la soirée. Aussi, seul le mari paraît crédible, encore faut-il que cela nous soit pointé dans son speech, trop banal apparemment. Pour moi, cela manque de travail : même si la photographie est réussie lors des scènes extérieures, qui ont une teinte jaune-vert très belle, le repas est quelconque.

Vient ensuite l'avancée inéluctable de la planète, véritable cause de l'état de Kirsten Dunst. La fête est terminée, on est dans le manoir de la sœur, Charlotte Gainsbourg, qui a accueilli le mariage. Comme l'idée est très simple c'est le traitement qui fait la différence, et il est réussi. Si certaines lourdeurs résiduelles de la première partie m'ont irrité (Charlotte Gainsbourg sur internet découvrant la « danse de la mort », la valse de la boîte de cachets, se réveiller dans la nuit pour s'allonger nue sur des rochers) l'essence demeure. On peut aussi reprocher au réalisateur le fait d'avoir choisi une famille richissime, ce qui à mon sens facilite la création des images grandioses dont il a besoin (manoir, chevaux noirs, jardins), il réussi néanmoins un tour de force. J'ai été littéralement contaminé par l'apathie de Kirsten Dunst : la séance devient très rythmique, on rentre dans l'observation froide, jusqu'à la fin. D'ailleurs, un temps de latence est nécessaire au public pendant le générique pour retrouver de l'émotion : on se ré-humanise pour réaliser ce à quoi on a assisté. La caméra s'est fixée, ce qui est agréable, pour n'être obnubilée que part le télescope posé sur la terrasse qui sera le lieu de la scène du petit-déjeuner, particulièrement réussie. En définitive cette fin du monde est novatrice et très originale.

Il me manque la moitié, dommage.
Stravog
6
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le 10 sept. 2011

Critique lue 546 fois

4 j'aime

Stravog

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