S'il ne fallait retenir de "Mélo", l'un des tous meilleurs Resnais, qu'une scène, qui exprime parfaitement son génie - n'ayons pas peur des mots - de la mise en scène, que ce soit le "morceau de bravoure" du film, un monologue d'André Dussollier d'une dizaine de minutes, sur une mésaventure sentimentale à la Havane : Resnais opère un lent travelling circulaire autour du comédien, qui fait que, plus la confession devient intime, plus la caméra se rapproche de lui. Accompagné d'un changement progressif de la lumière, l'effet est tout simplement saisissant, bouleversant, et constitue à lui seul une leçon d'adaptation de la matière théâtrale à l'Art Cinématographique - ce qui constitue, tout bien pesé, l'unique sujet de ce "Mélo". [Critique écrite en 1986]