Déjà responsable du modeste Following en 1999, Christopher Nolan se fera connaître du grand public grâce à son second long-métrage, Memento, projet remontant à 1996 et qui aura également donné lieu à une nouvelle rédigée par son frère Jonathan.


Principalement resté dans les mémoires pour l'ingéniosité de son montage inversé, Memento permet surtout à Christopher Nolan de déconstruire totalement le genre auquel il s'attaque, de s'interroger sur son rôle de conteur. Plus qu'un simple gimmick, le récit morcelé questionne sans cesse notre rapport au suspense, brouille intelligemment les cartes et surtout, nous rend immédiatement palpable la confusion et la paranoïa du personnage principal.


Tortueux, demandant au premier abord un minimum de concentration, Memento reste pourtant limpide, chaque pièce du puzzle trouvant sa justification une fois l'ensemble raccordé comme il faut. Tendu, le film de Christopher Nolan est surtout une quête identitaire passionnante, voire même touchante, celle d'un homme complètement paumé s'étant construit une sorte de prison mentale afin de se créer une routine, un but, seule solution pour ne pas sombrer dans le néant.


N'intellectualisant pas encore son cinéma, Christopher Nolan touche au but, imprègne son essai d'une véritable émotion qui se fera de plus en plus rare par la suite (me concernant, il faudra attendre Interstellar pour ressentir pleinement quelque chose), traduisant avec une certaine justesse et simplicité l'aspect tragique de son histoire.


Maîtrisant parfaitement sa mise en scène sans jamais en faire trop, Christopher Nolan signe avec Memento une de ses plus grandes réussites, un exercice de style tout sauf gratuit, dont l'élément le plus populaire ne sert en aucun cas de simple poudre aux yeux, mais bien à nourrir le propos et la réflexion souhaité par le cinéaste. On appréciera également l'interprétation de Guy Pearce, impliqué et parfait de bout en bout.

Créée

le 11 déc. 2016

Critique lue 2.2K fois

58 j'aime

3 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

58
3

D'autres avis sur Memento

Memento
Strangelove
8

Renversant !

ATTENTION ! Cette critique présente des éléments qui peuvent désarçonner le lecteur. Merci de votre compréhension. Mais quoi qu'il arrive, le monde continue d'exister. Et c'est terrifiant. L'homme...

le 25 oct. 2013

111 j'aime

8

Memento
drélium
9

Christ offert

C'est sans doute la démonstration la plus pesante, glauque et opprimante de son réalisateur, mais c'est une première oeuvre ou presque, "Le suiveur" étant plus ou moins un brouillon, une de celle...

le 8 févr. 2012

100 j'aime

13

Memento
Torpenn
4

Les mémoires d'un Nolan

Encore un de ces films qui ne tiennent qu'à une petite idée de montage, et franchement, ça ne fait pas un film... D'abord, très vite, le truc devient très répétitif et on s'ennuie devant autant de...

le 6 févr. 2012

86 j'aime

159

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20