Mémoires d'une geisha : l'art de dénaturer une culture

Rarement un film aura autant brillé par sa capacité à échouer sur tous les plans. "Mémoires d'une geisha" se présente comme une plongée dans l'univers fascinant et mystérieux des geishas japonaises, mais ce qu’il livre est une caricature hollywoodienne, où l’esthétique pompeuse remplace toute véritable authenticité.

La véracité historique ? Évaporée. Le film préfère des images léchées, des décors somptueux, et une lumière irréprochable au détriment de tout effort pour rendre justice à la réalité de l'époque ou à la complexité de la culture japonaise. L’écrin est joli, certes, mais le contenu sonne creux.

Le choix de faire jouer des actrices d’origine chinoise dans des rôles japonais n’aide en rien. Obligées de parler en anglais avec des accents variés et forcés, elles sont piégées dans des dialogues qui, ajoutés au mélange absurde d'anglais et de japonais, deviennent tout simplement insupportables. Un choix artistique ? Une erreur monumentale, plutôt. Chaque ligne de dialogue rappelle que nous ne sommes pas au Japon, mais dans un studio hollywoodien déguisé en carte postale exotique.

Et la bande originale, bien que techniquement soignée, n’échappe pas à cette volonté de simplifier et de stéréotyper. Elle enchaîne les clichés sonores associés à une vision fantasmatique du Japon, accentuant encore l'impression d'assister à une fête costumée pour touristes.

Il n’est pas surprenant que le film ait été ridiculisé au Japon, où il est perçu comme une trahison culturelle, ni qu’il ait été censuré en Chine, probablement pour des raisons qui dépassent même ses nombreuses failles artistiques. Ce qui étonne, c’est qu’un tel désastre ait pu être produit avec un tel budget et des ambitions si mal placées.

"Mémoires d'une geisha" n’est pas seulement un mauvais film, c’est un exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire : s’approprier une culture sans la comprendre, la simplifier pour plaire, et finir par manquer de respect à ceux qui la vivent. 1/10, et c’est encore généreux.

Drekin
1
Écrit par

Créée

le 16 sept. 2022

Modifiée

il y a 8 jours

Critique lue 45 fois

Drekin

Écrit par

Critique lue 45 fois

D'autres avis sur Mémoires d'une geisha

Mémoires d'une geisha
Lellfee
10

* Oeuvre d'Art brute *

Il ne tient qu'à un fil, mais tellement précieux tant il est agréable à posséder. J'ai décortiqué cette oeuvre dans tous les sens, je ne me lasse pas de le regarder, encore et encore. Les mélodies...

le 11 mars 2011

35 j'aime

1

Mémoires d'une geisha
takeshi29
1

"Mémoires d'une geisha" ou "l'Asie pour les nuls"

Voilà le film parfait pour me rendre fou de rage, une sorte d'insulte au cinéma asiatique. C'est ce qu'on pourrait appeler du cinéma Canada Dry. Hollywood ne recule devant rien pour faire du pognon...

le 3 avr. 2012

22 j'aime

3

Mémoires d'une geisha
amarie
7

il faut souffrir pour être belle

- je dois te dire que je te trouve vraiment sublime Chiyo, quelle élégance, quelle grâce, quelle finesse je suis fascinée - merci mais c'est le fruit de beaucoup de travail et de souffrance tu sais -...

le 13 janv. 2014

17 j'aime

1

Du même critique

Team Fortress 2
Drekin
3

Comment massacrer un chef d'oeuvre. (édité)

TF2 j’y ai passé un bon paquet de temps. C’est un jeu qui a son charme et qui, visuellement, déchire totalement. J’y ai pas mal joué au début, car il était présent dans la Orange Box. Les personnages...

le 6 janv. 2013

10 j'aime

5

Startopia: Space City
Drekin
9

J'y ai joué tout petit. J'y joue aujourd'hui.

J'y ai joué quand j'avais dix ans, et c'est probablement l'un des premiers jeux de gestion auquel j'ai joué. Le concept est vachement banal, construire la meilleure station spatiale de l'univers...

le 9 juil. 2013

4 j'aime

Blood and Bone
Drekin
6

Pas original mais bien réalisé

Le film s'inscrit clairement dans un style classique et surtout hyper prévisible. Des répliques à deux sous, des situations typiques... On voit tous que la qualité (ou l'originalité) du scénario...

le 25 janv. 2013

4 j'aime