Depuis le temps que je voulais voir ce film, je n’ai pas été déçu ! Son principal défaut, à mon sens, est la longueur de son dernier acte avec une conclusion qui s’étire à n’en plus finir, multipliant les fausses pistes pour au final rester conventionnel. Certes, à notre plus grand bonheur, mais c’est beaucoup de méandres pour y parvenir, là où le film aurait sans doute gagner à se montrer plus direct, d’autant plus que le reste est très bien rythmé.
Même s’il reste très conventionnel, pour ne pas dire académique, dans son approche général, le film parvient à jongler entre le drame, sa romance, l’aspect historique en toile de fond, et donner un âme à l’ensemble avec une intrigue de combativité et de persévérance. Le personnage de Sayuri est extrêmement attachante, dès le départ, par ses motivations et la ténacité dont elle fait preuve tout au long du film, et cela même face aux écueils de l’Histoire ou de sa société (sans parlé de la jalousie de Hatsumomo, qui fait presque penser à Bellatrix Lestrange par moments).
Outre l’aspect un peu dérangeant de ne pas avoir caster d’actrice japonaises pour les rôles féminins (mais avoir casté des acteurs japonais pour les rôles masculins), l’ensemble est plutôt correct, voire très bon. Je pense notamment à Zizi Zhang, qui impressionne non seulement par sa mélancolie mais aussi les aspects plus rigoureux de son rôle, mais aussi Li Gong, qui peut se montrer à la fois belle et terrifiante. Comme toujours, je suis fan de Ken Watanabe et de ce qu’il peut dégager ici, un charisme serein, solide, apaisant, avec cette touche de gentillesse et bienveillance que lui seul peut avoir. De même que Cary-Horoyuki Tagawa, qui excelle avec le Baron. Mais de façon à peine surprenante, c’est bien Michelle Yeoh qui domine ce casting de la tête et des épaules avec un rôle presque atypique pour elle (surtout à ce moment de sa carrière), mais où elle dégage une grâce incroyable et envoutante.
Comme je l’ai dit plus haut, le film est très académique dans son intrigue, mais aussi dans ses aspects plus techniques. La musique de John Williams, comme bien souvent, nous émerveillera avec des sonorités qui s’ancrent dans cet univers et créant cette ambiance mélancolique. Décors et photographies seront sublimes de bout en bout, avec un jeu sur les couleurs très intéressante, et aussi cette forme de symétrie dans la mise en scène de Marshall, où tout est très calibré, parfois même un peu trop, à l’image des geishas.
En fin de compte, c’est un très beau film avec une très belle histoire qui mérite de s’y attarder. C’est typiquement le genre d’approche que j’aime, dans la structure narrative mais aussi l’aspect visuel, j’ai donc été conquis dès le départ. Il y a des faiblesses ici et là, c’est très classique et n’apporte rien de révolutionnaire, mais j’y prends toujours autant de plaisir à les regarder. Et puis la musique de John Williams quoi !