un film américain sur le Japon...
Sans faire d'anti-américanisme de base, le défaut majeur de ce film est d'être un « carte postale » du Japon faite par des occidentaux. Le fait de voir les acteurs jouer en anglais puis d'y mélanger parfois un ou deux mots de japonais (des formules de politesse essentiellement), qui sont non sous-titrés, est purement rédhibitoire. Passé cela, le film est tout de même ultra conventionnel, très lisse et propret, sûrement pour plaire au schéma scénaristique hollywoodien (le sexe et ses allusions ou rites y sont quasiment absent même lorsqu'il s'agit du rite du mizuage). Rien de très asiatique dans tout cela.
Les nippophiles seront sûrement outrés d'autant que les actrices... sont chinoises !
Mais le récit se révèle quand même passionnant malgré sa facture classique, et on ne peut pas cracher sur l'ambiance, les décors et les costumes, très réussis.
Toute la première partie en forme de parcours initiatique (l'enfance, la rébellion, devenir une geisha...) est vraiment plaisante et intéressante. Certes le réalisateur s'attarde plus sur la « guerre » entre les deux femmes que sur le mystère du monde des geishas (les différents rites sont expliqués mais tout cela est un peu rapide !), mais on se laisse porter par l'aventure de cette femme qui symbolise quelque part la tradition du japon ancestrale perdue dans le nouveau monde avec l'arrivée de l'Occident « décadent » (les américains associeront les geishas à des prostitués).
La seconde moitié du film vire dans la bluette sentimentale crémeuse de base où Hollywood excelle, et l'espoir qu'on portait sur le traitement du doute et des questionnements d'une geisha s'envole.
Bref, adapté d'un livre (américain), ce film (américain), se révèle toutefois divertissant. Si ses qualités sont japonaises (sujet, ambiance, décors), ses défauts sont américains (censure, formatage pour « l'entertainment », linéarité, et violons).