L’affiche de Testament of Youth fait injustement passer le film pour un énième mélodrame où les histoires d’amour se trouvent contrariées par l’irruption de la guerre. Et dans les mélodrames, on sait comment ça se passe: scènes d’adieux sur le quai de la gare, échanges épistolaires enflammés, etc…On connait la chanson pour l’avoir vu et revu au cinéma.
Cependant, Testament of Youth se démarque subtilement du genre. C’est l’histoire de Vera Brittain, jeune fille exaltée et anticonformiste qui, dans l’Angleterre traditionnelle d’avant-guerre, fait des pieds et des mains pour obtenir le droit d’aller étudier à Oxford et devenir écrivain. Elle est une rebelle bourgeoise sûre de ses opinions que la Grande Guerre va se charger d’ébranler.
D’ordinaire, dans les mélos, la guerre est le faire-valoir de l’amour, un prétexte pour mettre en relief l’intensité des sentiments. Ici, c’est exactement l’inverse. L’amour n’est qu’une excuse pour raconter la guerre. Une guerre sinistre et absurde, qui va traumatiser toute une génération, à commencer par notre jeune héroïne. Vera l’intellectuelle qui décide d’interrompre ses études afin de s’engager comme infirmière et troque la compagnie des poètes contre celle de la barbarie et du sang, Vera la féministe qui se retrouve en charge des corvées domestiques de sa propre maisonnée, seule face à une sordide réalité.
Ce film est le testament d’une jeunesse sacrifiée, pour rien.
Alicia Vikander, impériale, incarne avec force cette jeune femme courageuse à qui la guerre arrache tout et effectue son chemin de croix la tête haute, le regard de plus en plus hanté au fur et à mesure des malheurs.
Cousin germain d’Un long dimanche de fiançailles pour l’époque et la détermination de l’héroïne, d’Atonement pour l’aspect tragique, de Bright Star pour la poésie et pour le soin apporté aux costumes et à la photographie, Testament of Youth parvient à infliger une vérité profonde, cruelle et implacable avec grâce et noblesse.