"L'intime est politique" dit la réalisatrice costaricienne Antonella Sudasassi Furniss, à propos de Mémoires d'un corps brûlant. Le dispositif de son film se rapproche un peu de celui de Little Girl Blue ou encore des Filles d'Olfa, avec un jeu permanent, et plutôt fascinant, entre le documentaire et la fiction, entre le présent d'une vieille dame et les souvenirs entremêlés de trois femmes différentes mais incarnées par une seule. C'est moins complexe qu'il n'y parait et la fluidité de la mise en scène, ainsi qu'une manière élégante de faire surgir le passé, s'avèrent séduisants. Le propos sur la place de la femme, de son enfance à sa vieillesse, a quelque chose d'universel et s'exprime sans tabou aucun, voire même avec une certaine crudité, à travers des thèmes aussi divers que le désir, le plaisir, la frustration, la violence masculine, la ménopause, les règles, etc. Un film de femme, avec des femmes et pour les femmes ? Voire. Les hommes n'y apprendront rien de stupéfiant mais se rendront mieux compte de toutes les épreuves traversées par leurs consœurs et y apprécieront les témoignages qui montrent un courage, une force vitale et une dignité qu'ils ne soupçonnent pas ou bien négligent, en tant qu'époux, compagnon, ami, père ou fils. Comme une leçon de féminité, contée avec humour et lucidité.