Mémoires d’un escargot
7.6
Mémoires d’un escargot

Long-métrage d'animation de Adam Elliot (2024)

Sous sa coquille : un univers mêlant noirceur, humour et poésie.

Cela faisait seize ans que nous n’avions pas revu Adam Elliot depuis qu’il nous avait offert son fabuleux MARY ET MAX. Certes, l’attente aura été longue, mais elle est largement récompensée par ce nouveau film qui mêle une nouvelle fois gravité et légèreté…


Grace Pudel, une jeune femme passionnée par les escargots, est déchirée par la mort de son amie Petit-doit. Assise sur un banc, elle rend sa liberté à Sylvia, l’un de ses escargots, et se met à lui raconter sa vie : un enchaînement de traumatismes qui l’ont plongée dans la solitude et la dépression.


Soyons clairs, même si nous avons affaire à un film d’animation en stop-motion, ce n’est clairement pas un film destiné aux plus jeunes. Le film est sombre et aborde de nombreux sujets matures de la sexualité, en passant par le fanatisme religieux, la maladie, le fétichisme et l’alcoolisme…

Mais, comme MARY ET MAX, malgré la noirceur du récit, il accorde une grande place à l’humour et à la poésie. Un humour noir et subtil qui lui évite de sombrer dans le misérabilisme et qui apporte surtout un côté doux-amer, avec un parfait équilibre entre drame et comédie.

Le film explore les relations humaines, les traumatismes et cette capacité à trouver la lumière dans les moments les plus sombres de l’existence.


L’animation témoigne d’un travail artisanal extrêmement précis, avec un style propre au réalisateur. On retrouve ces personnages aux traits exagérés et imparfaits, ces décors fourmillant de détails, ou bien cette palette de couleurs restreintes et délavées renforçant l’atmosphère mélancolique et nostalgique du récit.


On entre instantanément en empathie avec Grace, qui nous livre sa version de son histoire. Le film n’a d’ailleurs que très peu de dialogues, et c’est la voix off de la jeune fille qui accompagne continuellement le spectateur, le transformant ainsi en confident de la jeune femme.


Mais le film offre aussi une galerie de personnages, tous plus marquants les uns que les autres. Je pense au frère protecteur, au père aussi marginal que maladroit, ou à cette famille d’excentriques religieux. Mais surtout, il y a Petit-doigt, cette octogénaire pleine de vie dont chaque apparition apporte de grands moments d’humour, souvent burlesques, mais surtout cet espoir salvateur dont le film avait besoin.



Adam Elliot nous livre une nouvelle fois une œuvre profondément humaine, à la fois bouleversante et d’une grande poésie

A l’image du film BIRD, sorti il y a quelques semaines, ce film est une ode à la liberté qui rappelle à quel point les pires cages sont celles que l’on se fabrique…


https://www.critiquesdunpassionne.fr

Créée

le 19 janv. 2025

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