Les films japonais demandent toujours un peu d'adaptation culturelle de la part du spectateur occidental pour accepter leur rapport si particulier à la vraisemblance.
Celui-ci ne fait pas exception. Le postulat de départ n'est pas absurde, il est aberrant. Pas tant au niveau de l'idée de prescription d'un crime qui permettrait à un tueur en série de ne plus être inquiété par la justice 20 ans après les faits (même si le film prend des libertés avec les exceptions juridiques existantes), mais au niveau de la mise en scène de la révélation de l'identité du tueur. Certes, un cannibale japonais a déjà écrit un bouquin sur ses meurtres avant de devenir une sorte d'idole à sa sortie de prison, mais là, ça paraît un peu énorme.
Alors il faut passer au-dessus de cette entrée en matière quelque peu improbable, et se laisser entraîner par le reste du film, qui force le respect.
Les acteurs tout d'abord, sont globalement excellents (quelques crises d'hystérie, mais pas trop) et charismatiques. Il manque peut-être un ou deux personnages féminins dans cet univers très monogenré, mais Hideaki Ito (le flic), Toru Nakamura (le journaliste) et Koichi Iwaki (le mafieux) crèvent littéralement l'écran.
Le scénario, lui, est très bien ficelé, carré, ni manipulateur, ni trop évident, laissant la possibilité au spectateur d'en deviner les circonvolutions à venir tout en lui ménageant quelques surprises bienvenues, qui permettent au suspense et à l'intérêt de demeurer intacts jusqu'au bout.
Enfin, la photographie réaliste participe aussi de la qualité du film, évitant l'écueil d'un emballage trop factice.
On en ressort, malgré les quelques points trop appuyés, avec le sentiment d'avoir vu un (très) bon polar, suffisamment original et bien mené pour s'élever au-dessus de la moyenne.