"J'ai rencontré le diable", "Lady Vengeance", "The Host" et même "Old Boy"... Si j'avais du recevoir une pièce à chaque fois qu'un ami me conseillait le visionnage d'un chef d'oeuvre du cinéma coréen, je serai riche. Je ne sait pas pourquoi, mais je suis toujours resté relativement partagé sur l'engouement autour de la nouvelle vague de films coréens. J'ai l'impression que tout le monde crie au chef d'oeuvre dès qu'un type avec "Park" ou "Kim" dans son nom sort un film. Un peu de la même façon que Télérama face à un film Iranien... Je ne dis pas que le cinéma coréen est inintéressant, mais je pense qu'un peu de recul et de demi-mesure ne ferai pas de mal à certain.
Rebelotte avec "Memories of Murder". Mon frère m'avait dit : "Tu vas voir c'est trop bieeeeen !!!". Alors certes, c'est bien. Mais j'ai quelques réticences.
Dans Memories of Murder, on suit le déroulé d'une enquête sur une série de meurtre qui bouleverse la petite vie d'une poignée de villageois de cambrousse. Deux enquêteurs sont chargés de l'enquête. Le flic local, un péquenaud violent et débile sans une once d'honneur, et le super-flic de Séoul, sombre, ténébreux, intelligent qui va prendre cette enquête un peu trop à cœur. On ne peut pas dire que ce duo soit d'une originalité débordante, mais après tout ça fonctionne plutôt bien. Ce qui m'a le plus gêné dans "Memories of Murder", c'est son ton. Des meurtres sexuels dégueulasses, avec un assassin qui fait rentrer des morceaux de pêches dans la chatte de ses victimes, la nuit, la pluie, les marais, la cambrousse et ses habitants, un freaks handicapé mental et un pervers qui se branle la nuit dans des sous-vêtements féminin... Bong Joon-ho à toutes les clés en main pour instaurer une ambiance glauque, poisseuse, dégueulasse. Une tension qui te tiendra en haleine pendant les deux heures de films sans jamais te relâcher. Un truc qui te prend au tripes ! Un peu comme dans "The Pledge" de Sean Penn (ou plus récemment, True Detective). Mais non, pendant les trois premier quart du film Bong Joon-ho préfère faire des blagues insistant avec lourdeur sur l'amateurisme des flics locaux. Ça tombe, ça s'engueule, ça se frappe comme dans un spectacle de guignol. Ça détruit toute tentative d'instaurer un ambiance digne de ce nom. L'humour fait parfois mouche, mais ça fait un peu tache quand il est placé entre deux cadavres de jeunes filles. Heureusement la dernier segment du film abandonne l'humour pour laisser place à une demi-heure grandiose.
A part ça le film est bon, mais il ne réinvente pas la poudre. L'enquête est intéressante, les personnages attachants et les scènes de tension sont plutôt bien branlées. Mais Memories of Murder n'est qu'un nouveau (bon) film d’enquêteur comme il en existe déjà plusieurs. Les déjà cité "The pledge" et "True detective", mais on pourrait également citer "Zodiac", "Prisonners", "Seven", "Millenium", "Chinatown", "Dans la brume éléctrique", "insomnia", "le nom de la rose" et surement plein d'autres. Et il en sortira surement encore des dizaines et des dizaines...