Ces terres, cette Terre, ce monde froid et sale, sombre et mal préparé, c'est ici que tout s'abat.
L'enquête commence même trop vite pour eux, les poulets sont déjà dépassés par le nombre de violées/tuées. Cette enquête s'annonce longue, voire même interminable, leurs vies en seront affectées, changées à jamais, cette odieuse affaire les suivra, eux les natifs, et lui, le flic débarquant de Séoul et en quête de sensations fortes, il sera servi, nous aussi.
Aucun but d'accomplissement, seulement une volonté de vérité, la réponse à cette folie. Un fou brillant donc, méticuleux, unique, malheureusement, jamais cela ne se résoudra si facilement.
Petit chaperon rouge trottinant sous la pluie, esprit saint, corps vierge, mais plus pour longtemps, surgissant de derrière les buissons, l'ombre, l'horreur.
Un ballet affreusement morose où la caméra est maîtresse, où les acteurs vivent, d'une justesse impressionnante, comme un double coup de pied sauté dans la gueule !
Tout, absolument tout tourne mal, un clou dans la patte, une coupure, le tétanos, mais l'humour noir tranche, un peu, ça reste dur, faut pas imaginer un monde de bisounours, ça suggère autant que ça choque.
Le faux pas commence à rôder du côté des flics, ils défaillent, ils déraillent, la folie de l'affaire leur revient en pleine figure, et chacun sombre, frappe, amoche, veut tuer...
Tuer un innocent pour que le travail nous paraisse effectué, pendant quelques jours, puis l'histoire resurgit de derrière une planche de bois, vingt ans après ! Ça pourrait être le tour de ta propre fille...
Simple donc, marquant par sa sobriété et par son réalisme, un thriller suggérant, violent dans son propos, bien plus moral que physique.
Au bout du tunnel, le film te lâche, après que le train soit passé, rien n'est vraiment résolu, le générique de fin peine à retenir ton frisson, ton émoi, ton désarroi.
Un pur chef d'oeuvre, dans un monde impur.