Pour ceux qui aiment écouter et lire en même temps, une reprise de la ballade Pretty Polly par les Vandaveer.
J'allais pondre une critique de dix pieds de long, et je l'ai jeté aux fraises. Elle me plaisait pas. Comme ça, parce que je pense que tout a déjà été dit sur les cinq cent critiques déjà publiées, une de plus, une de moins.
Alors plutôt que de te tirer par tous les bouts le scénario que tu peux lire de toute façon sur le synopsis, te dire que le film est basé sur des faits réels ou te faire la bio du réalisateur, Bong Joon-ho, que je ne connais que trop mal, je vais plutôt essayer de faire ressortir mon ressenti. Note que je vais quand même en pondre une longue, de critique, mais une différente de la première.
Memories of Murder c'est l'histoire d'un film qui m'a donné envie de zapper au bout de dix minutes. Pourtant, j'lui ai mis neuf sur dix. Le début est lent, très lent. Il se présente comme une sorte de comédie, presque une satire de film policier, avec des enquêteurs débiles dans un bled de campagne paumé, entouré de villageois loufoques qui n'ont rien à envier aux meilleurs zozos des films des frères Coen. Les plans sont sympa, si tu veux, mais le paysage paye pas de mine au départ. Des rizières, des rizières, encore des rizières. L'intérieur d'un commissariat cradingue. Et ça gueule en plus. Tout le temps. Je devais pas être spécialement bien luné quand j'ai commencé à le regarder aussi, d'habitude je suis plus tolérant.
Mais j'ai tenu, je regrette pas. Finalement, en y réfléchissant, en m'imposant un regard plus objectif, la première partie se présente comme une habile peinture de la Corée des années 80, avec ses exercices d'alertes, la peur des bombardements, sa police archaïque et sa campagne obscurantiste, bien loin de la représentation qu'on en a maintenant.
Une police qui fait appel à des chamans, qui plante des totems, qui torture les proches sans aucune preuve. Franchement !
C'est aussi la rencontre entre un policier campagnard, violent, stupide ; incarné par un acteur dont la maîtrise impeccable force le respect, Song Kang-ho ; et un inspecteur venu de Séoul - l'acteur s'appelle Kim Sang-kyeong- maître de ses émotions, réfléchi, volontaire. Et c'est le basculement de ce duo au contact d'un tueur implacable qui viole pas moins de dix femmes dans la même zone, dans le même village. C'est la prise de conscience de Park Doo-man, son accomplissement, ses errements et sa rédemption. C'est la rage et l'entêtement qui plonge Seo Tae-yoon dans un état second.
Le tout sous un temps de chien, dans un décor sombre, arriéré et foutrement beau. Dans la brume, sur les rails au bout d'un tunnel, au milieu d'une campagne sourde, étouffante, martelée par la pluie diluvienne, lors de ces nuits où le tueur laisse libre cours à ses pulsions les plus basses, alliant bestialité et prudence méthodique. Là je te parle de la deuxième partie, j'ai pas fait de transition propre. C'est comme dans le film, tu sais pas où, mais ça bascule à un moment ou à un autre, et l’œuvre prend une autre dimension. Je dirais au bout d'une heure. Ça peut faire long, ça peut faire chier, mais le film finit par te retourner les tripes et te faire gueuler de rage, incroyablement frustrant et prenant à la fois.
Et une phrase de fin, une musique sur la scène finale. Et moi qui me mord la lèvre pour pas hurler.
En tout cas, je ne suis pas mécontent de tomber sur deux thrillers de haute volée à deux jours d'intervalle, dans un style diamétralement opposé.
Petit aparté pour dire que ceci est mon 50ème avis.
Je sais, c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
Alors un merci aux rares personnes qui supportent mes pavés, qui se les infligent, qui mettent un p'ti j'aime malgré mon style aléatoire (plutôt mon absence de style) et mes nombreuses fautes. J'écris beaucoup pour moi, je trouve l'exercice intéressant, mais je suis vraiment content que certains prennent le temps de lire, même si ça leur plaît pas.
<3