Le résultat est saisissant. Le film de Bong Joon-Ho surprend par sa méticulosité à montrer la totale désorganisation des enquêteurs coréens de l’époque. Quand on sait que le film a été tourné sur les lieux mêmes de l’histoire en reproduisant fidèlement les avancées de l’enquête, on en est que plus impressionné. La confrontation entre le flic des villes et le flic des champs est une grande réussite. Cependant, le principal sujet du film reste ce tableau peu reluisant d’une police coréenne dépassée par les événements. On fabrique des preuves, on tabasse les suspects pour les faire parler ou pour obtenir des aveux forcés, on a même recours au chamanisme. Le must revenant quand même à l’épouvantail censé effrayer le serial killer en le menaçant de putréfaction pour ses mauvaises actions. Toute la première moitié du film, qui consiste en une longue démonstration de faiblesse, est assez amusante, car plutôt pathétique. Par contre, quand le tueur se fait plus présent, vers la moitié du film, celui-ci devient soudain nettement plus sombre. Les visages se crispent, les explosions de colère se multiplient, et le caractère diabolique du serial killer devient omniprésent et angoissant. L’interprétation est de qualité, de même pour la musique et le montage, d’une logique réaliste implacable. Le suspense, tout comme le film, monte en puissance au fur et à mesure que se déroulent les bobines. Ça commence comme un petit polar sans prétention avec le jeu du chat et de la souris qui consiste à démasquer le tueur au sein d’un petit village puis on bascule petit à petit dans une atmosphère plus oppressante. Bong Joon-Ho signe un très bon premier film, très maîtrisé qui donne très envie de voir ce qu’il va nous faire par la suite.