Memories of Murder est l'un des premiers films de Bong Joon-ho (The Host, Mother, Parasite) qui l'a mis sur les radars internationaux. C'est un très bon thriller noir à base de tueur en série, d'enquête criminelle sur des meurtres sordides où tout le monde a des choses à cacher ; vous connaissez la chanson.
C'est un film brillamment écrit et mis en scène, qui mêle drame, comédie et satire sociale comme à peu près tous les films coréens qui s'exportent chez nous. Et je pourrais vous en chanter les louanges, mais j'arrive avec 20 ans de retard, tout le monde sait que le film est un classique à ne pas manquer, et j'ai le mauvais goût de ne pas lui mettre 9.
Pourquoi ? Ça va sûrement paraitre trivial, mais le film m'a dérangé, pas seulement d'une manière fascinante ou stimulante, mais d'une manière désagréable, qui m'a laissé un sale goût dans la bouche durant tout le visionnage, alors même que j'en appréciais toute la maîtrise formelle et la pertinence du propos.
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Memories of Murder est un film sale et glauque, qui nous dévoile sa population de bouseux mal dégrossis sans jamais les romancer ou les idéaliser. Le bon flic tabasse un suspect mentalement handicapé pour lui faire porter le chapeau, et vous ne voulez pas savoir ce que lui fait le mauvais flic. Tout le monde est con, incompétent, violent, impulsif, ça pue la sueur et la vieille fripe mal lavée, et tout le film est dans des teintes oscillant entre le marron et le verdâtre.
À ce titre, le film est d'un réalisme rafraichissant, on voit des gens trébucher et tomber comme des merdes dans des fossés, les combats sont hilarants de maladresse et multiplient les dropkick improvisés. Ce traitement naturaliste de l'action et des personnages est clairement l'une des grandes forces de l'oeuvre.
En revanche, dans des films comme Seven ou Prisoners, on est confrontés à des meurtres sordides et des individus peu recommandables que l'on côtoie par le biais de protagonistes auxquels on peut s'identifier. Dans Memories of Murder, j'ai vu plus de laideur humaine en 2h que je l'aurais souhaité à ce moment de ma vie, et pas assez pour la contrebalancer. C'est très subjectif, car c'est sûrement quelque chose que j'aurais apprécié en d'autres circonstances, mais j'en suis quand même sorti avec l'envie de me doucher et de penser à autre chose.