Ces dernières années, le cinéma coréen est devenu tendance parmi les cinéphiles. Il n'y a qu'à voir les recommandations de cette année et des années précédentes et quelque soit le genre (même parmi les blockbusters. Coucou Snowpiercer et Dernier Train Pour Busan. Et les gens disent toujours qu'il n'y avait aucun bon blockbusters en 2016...comparé aux blockbusters hors super-héroïques du début 2017 ce n'était rien). Du coup, alors que l'un des poids lourd du cinéma Coréen Bong Joon Ho vient de nous livrer Okja (ce sera pour une prochaine critique, car il y a des choses à dire, n'est pas Cannes ?), Memories of Murder revient au cinéma dans une version restaurée (que j'ai vu en présence du distingué Fossoyeur). Résultat des courses ? Une vraie tuerie.
Un polar bien rythmé et sombre
Si au niveau de la réalisation, il n'y a pas encore le petit truc qui fera de lui un réalisateur à part, il y a quand même un aspect vraiment résolument cru et sans concession. Il y a beaucoup de plans stylisés sans trop d'effets. On n'est pas encore au niveau de ce qu'il proposera bien plus tard au niveau de la mise en scène mais cela reste vraiment efficace. Autre chose qui fonctionne bien, la photographie qui est vraiment bien. Elle est très âcre et renforce cet aspect dérangeant et inquiétant à certains moments. Et le film est vraiment génial. Quant aux personnages, on a vraiment du lourd.
2 flics. 2 méthodes
Park Doo-man (joué par Song Kang - Ho, un habitué des grands films coréens comme The Host, Le Bon, la Brute et le Cinglé ( il faut que je vois ce film !) et vous le connaissez surement comme étant le serrurier de Snowpiercer) est le héro du film. On peut même préciser anti-héro. Il s'agit d'un flic brutal et instinctif, mais dont les circonstances vont le pousser à repenser sa manière d'enquêter, surtout au contact de son nouveau collègue Seo.
Seo Tae-yoon (Kim Sang-kyeong ) est l'opposé de Doo-man. C'est un flic intègre venant tout juste de Séoul et Parc & lui ne peuvent pas se sentir. Ses méthodes donnent des résultats plus positifs mais on voit qu'il s'agit d'un solitaire. Il sera contraint de collaborer avec Park, mais devant l'ampleur de l'affaire, finira par perdre de vue ses idéaux quand ses soupçons sur le présumer criminel va se révéler. On est donc dans un buddy-movie policier tout ce qu'il y a de plus classiques, mais quand même intéressant, vu l'évolution des 2 personnages. Les 2 personnages devenant une tout autre personnes par la suite.
Jo Young-goo (Kim Loi-ha) est l'acolyte de Park Doo-man et celui qui fait les basses œuvres. A savoir, il brutalise les suspects pour leur soutirer des aveux et sans remords. C'est le seul à ne pas évoluer mais forme un beau tandem avec Doo-man. Cependant, il va très vite être puni à cause de sa brutalité.
Les autres personnages sont assez secondaires mais importants. On a le supérieur Shin Dong-chul (Song Jae-ho ), le sergent Koo Hee-bong (Byun Hee-bong ), la compagne de Pak, les jeunes filles de l'école et l'accusé.
L'autre Seven
Beaucoup disent qu'il est moins bon que Seven. Il m'est difficile de dire si c'est vrai ou non, mais il faut se dire que les 2 films sont très différents. Ici on a plusieurs gimmicks du cinéma coréen tel qu'on le connaît : à savoir rapport de force, critique sociale et ici critique des méthodes de la police. On a aussi une évolution et une déconstruction de l'équipe, en particulier Seo Tae-youn, où sa crainte de l'échec lui fera perdre son intégrité de devenir un autre Park Doo-man. Parallèlement, Doo-man lui aussi changera et changera de méthodes à son contact et deviendra un flic plus humain. Cependant, aucun d'eux n'échappera à la figure de l'échec. Là où dans Seven l'affaire bouleversa l'un des membres du tandem, Memories of Murder changera toute l'équipe qui n'échappera pas au sentiment d'impuissance. Jusqu'au bout, on a le sentiment qu'ils pourront résoudre l'affaire mais la réalité va les rattraper. Pas d'Happy Ending, pas de fins heureuses. Seulement l'échec. La réalisation cadre très bien avec la narration de sorte qu'on profite bien. Même la fin est mélancolique, et si elle ne nous livre pas toutes les réponses (et le devenir de l'équipe au grand complet) nous fait ressentir cet injustice. Encore plus difficile quand on a un film tiré d'une histoire vraie.
Excellent Polar
S'il n'est pas le premier film de Bong Joon Ho, ce polar est celui qui l'a fait connaître et se hisse vraiment aux meilleurs du genre. Après le réalisateur frappera plus fort avec The Host qui assoira sa réputation. Un film dur, cru, injuste mais essentiel pour les fans de Seven