Il y a certains films qui, dès leur première scène, impressionnent et posent les bases de ce qui sera un grand film, et Memories of Murder en est un exemple : il s'agit d'un chef-d'œuvre. Tiré d'une histoire vraie, qui s'est déroulée entre 1986 et 1991, on suit le parcours d'un groupe de policiers tentant de résoudre les meurtres de 10 femmes tuées et violées par un tueur en série aux méthodes particulières. On aurait pu se dire qu'on avait assez vu de tueurs en série au cinéma (Seven, Le Silence des Agneaux... et j'en passe), mais celui-là a quelque chose de particulier !
Le casting est sans faute et chaque acteur livre une interprétation remarquable. En tête d'affiche, deux flics aux méthodes très différentes : d'un côté, Park Doo-man (joué par Song Kang-ho), le policier de la campagne qui n'hésite pas à donner des coups de pied aux suspects, ce qui est assez drôle. L'acteur paraît naturel et parvient à susciter des émotions. Le second, Seo Tae-yoon (joué par Kim Sang-kyeong), est un policier venu tout droit de la ville, aux manières très droites, mais qui changera rapidement, étant dépassé par les événements. On s'attache très vite à ces deux personnages que tout oppose, mais qui finalement se ressemblent plus qu'il n'y paraît. Les deux acteurs sont d'un naturel impressionnant : sans trop en faire, ils jouent les excités, les comiques, les sérieux, les dépassés... Les rôles secondaires sont également très bons, comme l'acolyte brute du personnage principal, interprété par Kim Roe-Ha. Mention spéciale à l'acteur Park No-Shik, incarnant Baek, le premier suspect malade, qui joue parfaitement bien.
La musique composée par Tarô Iwashiro est une pure merveille : 30 excellents morceaux mêlant angoisse, calme et ambiance. Je retiens surtout les morceaux Sunny Day (le thème principal), Waiting Rain, On the Shaman's Light et surtout Factory Lights, que je trouve vraiment excellent et qui accompagne une scène que j'adore. Le film est également réalisé à la perfection, notamment grâce au jeu de caméra. Tourné dans les lieux où se sont déroulés les événements, le décor est glauque, avec une pluie omniprésente. À noter également ce choix judicieux du réalisateur de ne montrer aucune image choquante : c'est original. Toutes les scènes du film sont bien traitées, rien n'est laissé de côté, on ne s'ennuie pas une seule seconde, ce qui le rend captivant.
Le film retranscrit plutôt bien les inégalités, notamment avec le commissariat, qui montre les mauvaises conditions de travail des policiers. On suit parallèlement la vie de famille des policiers, qui mettent en danger leurs couples, ainsi que les différences sociales entre la ville riche et la campagne pauvre, à travers les deux policiers dont la "relation" est bien retranscrite. Le suspense n'est également nullement négligé : on se dit "c'est bon, ils ont le coupable", puis finalement non, c'est un autre... jusqu'à cette fin qui laisse perplexe, mais de manière positive. Ce n'est pas vraiment un spoiler, car c'est une histoire vraie, mais les policiers ne découvrent pas le tueur.
Il y a deux scènes qui m'ont particulièrement marqué. La première est la course-poursuite, à environ 1h06, contre un suspect, durant laquelle la musique s’accélère. Mais c'est surtout celle à 45 minutes qui m'a marqué. Pendant deux minutes, on assiste au moment qui précède l'assassinat d'une femme. Se promenant près d'une centrale, elle entend des bruits : la musique Factory Lights et le jeu de caméra rendent cette scène intense en seulement quelques secondes ! Quant à la scène d'ouverture et la scène finale, elles sont parfaites !
Chef-d'œuvre absolu et sans faute, Memories of Murder ne néglige aucun détail : la musique, les acteurs plus qu'excellents, la réalisation, les différents thèmes abordés... À voir absolument et assurément un classique du cinéma.
CinAdri, au plaisir.
21/05/2016.