Après les réussites de Ex_Machina et Annihilation, voir Alex Garland faire coup double en s'emparant à la fois du film d'horreur psychologique et d'un sujet brûlant a de quoi exciter les attentes les plus folles.
D'autant plus que la bande annonce jouait avec nos nerfs en promettant une ambiance sourde et anxiogène qui avait tout pour immédiatement conquérir. Et agitait déjà cette merveilleuse scène du tunnel, s'imposant instantanément comme l'une des plus inspirées de l'année, tant l'émerveillement cède la place, en un clin d'oeil, à l'effroi.
Sauf que Men, en l'état, est l'un des films les plus difficiles à chroniquer, et à noter, qu'il m'ait été donné d'appréhender.
Car au vu des défauts que je ne vais pas tarder à vous décrire, vous vous direz encore que le masqué, il n'est pas en accord avec les notes qu'il donne. Ou qu'il s'en fout peut être, après tout, du moment qu'il est lu et récolte les likes.
Rassurez-vous, ce sera peut être pour la dernière fois.
Mais revenons à ce Men qui, s'il se montre un peu plus futé, ou un peu moins unilatéral, au choix, que Promising Young Woman (oui, encore, car je radote, en plus), n'est pas pour autant totalement débarrassé des certaines maladresses et discours prémâchés pour le moins étonnants venant d'Alex Garland. Comme ce triste sentiment de « tous les mêmes » essentialisant, qui pourra faire lever plus d'une fois les yeux au ciel durant la séance.
Un triste sentiment surligné par une double approche : celle de faire incarner tous les personnages masculins du film, sauf un, par un seul comédien, même si ce parti-pris donne l'occasion à Rory Kinnear de briller, comme James McAvoy a pu le faire chez Manoj Night Shyamalan. Et puis, il y a le fait d'évacuer toutes les autres figures féminines du récit qui, si cela participe à l'étrangeté de l'atmosphère, concentre aussi toutes les assiduités et autres malheurs du monde sur la pauvre Jessie Buckley. Tandis que chaque figure masculine est cantonnée à un seul rôle stéréotype.
On a connu Alex Garland plus nuancé, même si l'on sent parfois qu'il se fait une obligation de conserver une multiplicité d'interprétations valides de son film, en donnant le moins de réponses possibles durant l'heure quarante de projection.
Sauf qu'à côté de cela, qui pourra à l'évidence rebuter ou agacer, l'exercice de style horrifique fonctionne à plein régime, alourdissant peu à peu l'atmosphère de ce coin de campagne reculée, privant peu à peu l'héroïne se tout contact avec la réalité. Rappelant parfois le Netflixien Je Veux Juste en Finir, dans lequel évoluait déjà Jessie Buckley.
Tout comme celui centré sur le body horror bien crado dans la dernière ligne droite de l'oeuvre, qui achève de brouiller les repères de la perception.
Enfin, l'auscultation du couple, de ses relations, de sa toxicité, de son chantage affectif, contrebalance avec sensibilité et violence nombre de facilités prises sur ce terrain par Garland, nombre d'images parfois transparentes. Pour mieux ausculter le poids de la culpabilité ressentie par son personnage principal, les « et si » dont on croit qu'ils auraient pu changer les choses.
Mais cela n'empêche pas d'avoir parfois le sentiment que, avec Men, Alex Garland, malgré sa maîtrise, cherche à cocher finalement le plus de cases possible pour valider sa démonstration de féminisme. Comme s'il épousait les traits du Rory Kinnear chevalier servant faisant visiter à Harper sa propriété.
Le 7 du masqué sera donc plus motivé par l'ambiance anxiogène d'un film d'horreur psychologique qui multiplie les belles images et les scènes fortes, que par sa portée d'œuvre à message pas toujours subtil un peu trop consciente de sa thématique pour totalement convaincre.
Oui, la note est encore une fois pétée. On ne se refait pas.
Behind_the_Mask, femmes je vous aime.