Attention, cet avis comporte ce genre de divulgâcheurs :
Les hommes, c’est vraiment tous les mêmes.
Comment ça commence ?
Par une pub pour du parfum puis par une pub pour une voiture puis pour la région du Glouchester. Ensuite l’héroïne se fait harceler par un naturiste. Le début d’un long cauchemar…pour le spectateur.
Comment ça finit ?
De façon parfaitement misogyne.
Et au milieu ?
Au milieu, on aura vu un réal prétentieux faire un film prétendument féministe. Mais du féminisme d’homme beauf s’appuyant sur les figures d’un patriarcat dépassé depuis 30 ans. On y reviendra. Pour l’heure, je vais tempérer le début de mon avis parce non, le film n’est pas un long cauchemar. L’ambiance fonctionne même très bien pendant les ¾ du film parce que le réal pose habilement son sous-texte (le tunnel est un vagin, la blessure au bras aussi #psychanalyse de base) à travers 1000 détails, couleurs, costumes, accessoire et une mise en scène maniérée dans le bon sens du terme. Le plan de la figure de pierre qui s’assombrit par un simple jeu d’ombre ne figure-t-il pas à lui tout seul une toxicité masculine multi séculaire, n’est-il pas ? Le type a visiblement un discours à faire passer. De ce point de vue, les scènes plus réussies sont celles où l’on partage le malaise de l’héroine, malaise nourri par des hommes qui minimisent les situations qu’elle traverse, renforçant le malaise.
Sauf qu’il n’y a pas que cette figure de pierre, il y a d’autres pleins d’autres trucs. Ce qui passait pour un fil conducteur discret, finit par casser sous le poids d’un bric-à-brac pseudo ésotérique qui multiplie les symboles plus ou moins habiles (plein de pommes qui tombent, religion toussa toussa). Le paroxysme est atteint dans le dernier quart, particulièrement décousu où le réal balaye tout ce qu’il avait apparemment entrepris et qui tente d’amalgamer la toxicité des personnages masculin
au sentiment de culpabilité de l’héroïne.
Et là forcément ça dérape salement parce qu’on peut l’interpréter de plusieurs façons. Et je ne vais pas choisir la plus douce pour le réal qui en bon beauf renvoie son héroïne à une notion
d’accouchement totalement hors sujet.
Allons-y gaiement :
Donc, tous les personnages toxiques dissimulaient en fait la culpabilité de l’héroïne. La scène le révélant est des plus explicites. Ca n’a plus grand-chose à voir avec le fait que beaucoup d’hommes pourraient porter une forme de toxicité.
Celle-ci est en fait fantasmée par l’héroïne. Le réal la transforme donc en victime non pas des hommes mais de son propre trauma. Dans ces conditions, quel crédit accorder à ce qu’elle perçoit ? Faire douter en permanence du récit d’une femme victime de harcèlement voire pire est un peu le contraire de #metoo, non ? Du surcroit à la toute fin, la maison est vraiment pleine de sang. On peut supposer qu’elle a vraiment zigouiller quelqu’un dans une crise de folie hallucinatoire. Donc un film qui semblait aborder la toxicité masculine débouche en pratique sur la supposition d’une crise d’élucubration / hallucination féminine. Whaou le féminisme. Un artiste pouvait-il faire une œuvre plus toxique et misogyne ?
En tout cas, il pouvait ajouter une dose de lâcheté en cherchant la toxicité dans des personnages très stéréotypés : un marginal gnostique, un débile léger, un bouseux de la campagne, un curé, un policier. En 2022, quoi croit encore subversif ou même éclairant de s’attaquer à ce type de personnages ? Et comme ils ont tous la même tête, soit ils ne sont qu’une projection de l’imagination de l’héroïne, soit ce sont des dégénérés consanguins. Il y avait peut-être d’autres façon de traiter des toxicités masculines.
Bref, si dans sa forme, le film est très bien emballé, son fond est misogyne et arriéré.