Produit au sein de la Shaw brothers, Men from the gutter (1983) est la troisième réalisation de Lam Nam Choi après un premier film co-réalisé avec (et pour) Danny Lee qui n'aurait qu'un intérêt relatif et Brothers From Walled City, un drame social très sombre. Quand on connait ses films à venir, Men from the gutter surprend par sa rigueur. On est là encore dans un thriller avec un forte tonalité sociale et une ambiance poisseuse, tendue et fataliste.


Nam Lai-Choi balance sa caméra dans les bas-fonds de Hong-Kong pour y suivre des malfrats, des mafieux et des policiers assez dépassés par les événements. La structure du scénario est assez déstabilisante avec plusieurs lignes narratives qui ne se recoupent pas forcément, ou alors indirectement : il y a d'un côté 4 malfrats qui décident de braquer l'argent d'une triade qui est elle-même traquée par un tueur désirant se venger. Et donc la police au milieu des règlements de compte, qui comme nous, essaie de recoller les pièces et comprendre les emboitements. On a presque l'impression d'avoir un deux en un. D'où une ambiance presque abstraite par moment d'autant qu'il y a assez peu de dialogues.
Évidement le scénario n'est qu'un accessoire et un prétexte à une fièvre et une rage teigneuses qui donnent des séquences d'actions impressionnantes par leur violence. Fusillade en plein jour et en pleine rue, combat urbain sauvage et intense et un final ahurissant d'un maîtrise et d'une précision technique époustouflante. Ce final dure pratiquement une vingtaine de minutes et voit le tueur en quête de vengeance jouer au chat et à la souris avec une trentaine d'homme de mains dans plusieurs entrepôts portuaires avant que les forces de l'ordre ne se mêlent à cette mini-guerre. Une vingtaine de minutes anthologiques qui ravit par le sens d'espace ébouriffant de Nam Nai-Choi signant un découpage d'une lisibilité parfaite avec de long plans larges qui ne perdent rien de la progression des comédiens dans le cadre. Les cascadeurs ne s'épargnent aucune chute ou choc tandis que le chasseur traqué court de toit en toit, bondit sur des échelles et s'en prend plein la tronche entre blessures par balles et collisions brutales.


L'approche conceptuelle du scénario empêche qu'on s'intéresse vraiment aux protagonistes qui demeurent de toute façon des coquilles vides (si ce n'est le quatuor de gangsters amateurs qui finissent par devenir touchant dans leur destin tragique) et l'aspect social aurait mérité d'être plus développé (façon Long arm of the law) mais le rythme qui gagne en accélération et surtout les scènes d'actions en font un polar clé du cinéma hong-kongais et une œuvre loin des délires bis à venir.

anthonyplu
8
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le 15 sept. 2017

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anthonyplu

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