Ils sont parmi nous, et on ne les remarque même pas (les défauts).

15 ans déjà après son premier opus jubilatoire et novateur, 10 ans après sa suite honteuse à la recette remaniée, le retour des agents J et K avait de quoi faire peur, d'autant plus avec les fresques de tournages qui ont fait la une des médias du Cinéma populaire.
Bancal et inachevé mais pourtant sacrément jouissif, ce "Men In Black 3" renoue avec le plaisir du blockbuster déluré sans jamais vraiment que l'on sache comment.

Dans ce troisième volet, l'agent J doit venir au secours de l'agent K, effacé de sa ligne de temps suite à sa mort héroïque en 1969. Décidé à comprendre sa disparition, il remonte le temps pour aider son futur coéquipier à survivre à cette réécriture temporelle. Commence alors un mic-mac plus scénaristique que temporel menant à un résultat étrangement très efficace.
Avoué par Barry Sonnenfeld à l'époque du tournage, "Men In Black 3" souffrait d'un problème de scénario réécrit constamment, idées et gags se rajoutant en cours de tournage pour essayer de coller au mieux à ce qui était définitif, l'idée de départ et celle de fin du film.
Pourtant, on regarde le film comme on vit un manège à sensations à la Foire annuelle et locale : on prend du bon temps sans chercher comment fonctionnent les rouages et artifices, et c'est une sacré réussite vu les problèmes mentionnés.

Ce manège est personnifié même par la définition amusante du "saut dans le temps" partagée dans le film, parmi toutes les séquences spectaculaires suffisamment bien emballées par un Sonnenfeld inspiré et un casting qui s'éclate réellement (mentions spéciales aux mimiques de Josh Brolin et au méconnaissable Jemaine Clement). Ces ingrédients forment la recette essentielle du pop corn movie qui parvient à faire oublier ses défauts au spectateur tel un coup de neuralyser.
Parce que si on rentre dans les détails, avouons-le que le film n'a strictement aucun sens et se contredit à chaque idée nouvelle apparaissant par magie pour mener le mieux possible à la fin préméditée et téléphonée. Le sympathique personnage de Griffin en est la preuve : à la fois maladroitement intéressant et pourtant indispensable, il fait office de pont et de résolution à chaque idée balancée par la flopée de scénaristes divers ayant bossé sur le film, faisant passer la pilule au spectateur sans qu'il s'en rende compte.
Il en est de même pour Jemaine Clement, dont le jeu d'acteur et la métamorphose permettent de faire oublier au spectateur que le bad guy tourne quand même à vide durant cette heure quarante de métrage, quitte à ressortir ses one-liners tel un Action Man parlant avec ses phrases enregistrées.

Maladroitement assemblé donc, mais sur le fond seulement, puisque la forme sauve le tout pour faire ce film un grand moment de déconne interstellaire comme on aimerait en voir plus ces derniers temps. Se voulant ni trop sérieux ni jouant trop sur l'auto-dérision d'une franchise quasiment oubliée depuis une dizaine d'années, "Men In Black 3" trouve le juste équilibre pour qu'on accueille nos agents K et J tels de vieux amis perdus de vue, dans un monde de SF volontairement grotesque et légèrement insolent (la culture pop américaine des Sixties en prend un léger coup amusant en passant).

Le seul problème que l'on peut se poser, après vision du film, c'est que malgré ce grand moment de fun à partager en famille, on se demande bien où on pu passer les 230 millions de dollars de budget dans ce blockbuster d'apparence honnête et légèrement nostalgique. Les temps modernes oblige, ce gros budget (c'est une poignée de millions de dollars de moins que "Avatar", vous voyez la différence ?) déraisonné nous ramène à la réalité de la logique des gros studios aujourd'hui, et à l'incompréhension générale qui règne chez les spectateurs avertis de certaines grosses machines de ces dix dernières années.
A annoncer son retour en fanfare sur un pari très risqué, "Men In Black 3" a peut-être vu trop gros pour rien... mais en tant que spectateur à la recherche de divertissement fiable, le plaisir est indéniablement là, et on en redemanderait presque un second tour de manège. Au risque de s'en lasser.
Zitomaniac
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le 1 juin 2012

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Zitomaniac

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