Non content d'avoir révolutionné le genre, Ong-Bak a redonné un coup de fouet à la production de films d'arts-martiaux dans toute l'Asie et inspiré bon nombre de métrages plus ou moins bons. Dans le cadre de cette nouvelle vague du film de baston, certains réalisateurs ont vu une occasion de mettre en valeur des arts-martiaux locaux. C'est le cas du métrage Viêtnamien The Rebel qui mettait en avant le Viet Vo Dao et de l'indonésien Merantau qui propose des combats à base de Silat.
Ainsi, Merantau se revendique ouvertement comme étant le pendant Indonésien de Ong-Bak et les points communs entre les deux films sautent aux yeux : une intrigue en partie basée sur des traditions locales (dans Merantau il est question d'une sorte de voyage initiatique), un héros vertueux issu de la campagne confronté à la violence et à la corruption urbaine (Merantau en rajoute une couche en mettant en scène de vilain occidentaux spécialisés dans le trafic de femmes) et bien sûr l'art-martial national magnifié par des scènes de baston époustouflantes.
Étonnamment, la comparaison entre les deux films tourne en faveur de l'Indonésien qui se révèle plus soigné formellement que le Thaïlandais qui existait uniquement grâce à ses fulgurances martiales. La mise en scène de Gareth Evans (comme quoi, un occidental qui réalise un bon film d'art-martiaux c'est possible !) est précise, élégante et d'une lisibilité exemplaire, et réussit à capter l'émotion qui se dégage d'un script niais à souhait mais beaucoup moins que celui d'Ong-Bak. Ainsi, la demi-heure d'exposition n'est pas désagréable et fait patienter le spectateur jusqu'au début de la distribution générale de baffe.
Sur ce point précis, la comparaison avec Ong-Bak n'a pas lieu d'être vu que les formes de combats utilisées et les interprètes sont différents, toutefois on peut affirmer que Merantau n'a rien à envier au long-métrage de Prachya Pinkaew en termes de spectacle.
Plus sobre, moins aérien mais tout aussi sauvage, le Silat du film s'apparente à une forme de close-combat particulièrement violente dont le but est clairement de détruire l'adversaire. Ainsi, les combats font la part belle aux percutions sèches et aux projections brutales et la caméra capte remarquablement bien la violence de ces affrontements. En effet, le réalisateur Gallois filme ses mano a mano de façon quasi-documentaire, sans effet de montage tape à l'œil ni mouvements de caméra à deux balles. Ainsi, le spectacle repose entièrement sur les acteurs : en tête le jeune Iko Uwais, moins polyvalent et virevoltant que Tony Jaa mais tout aussi charismatique et expert dans son art. Pour l'épauler, des cascadeurs Indonésiens qui n'ont rien à envier à leurs collègues Thaïlandais en matière de prise d'inconscience, la prise de risque étant maximale dans certaines scènes (tous les fights se déroulant en hauteur).
Merantau rempli donc généreusement son contrat en matière de bourre-pif d'autant que les combats s'enchaînent à un rythme soutenu dans la deuxième moitié du film.
Au final, ce film est une excellente surprise, qui met en valeur une forme de combat jamais vue sur grand écran et qui propose une alternative réjouissante à Ong-Bak dont les suites sont devenues un peu trop mystiques (même si niveau castagne c'est LA référence). Du coup, on est en droit d'attendre une suite et pourquoi pas un jour, un Expendables du film de tatane qui réunirait Uwais, Tony Jaa et d'autres artistes martiaux (Donnie Yen, Scott Adkins, etc...).