Jeanne,jeune pianiste préparant un prestigieux concours,apprend incidemment qu'à sa naissance elle faillit être échangée à la maternité avec le fils du célèbre pianiste André Polonski.Elle profite de ce prétexte pour rendre visite aux Polonski et elle sympathise rapidement avec eux,notamment avec André qui se met en tête de la coacher pour son concours.Mais Mika,l'épouse du virtuose et patronne d'une grande chocolaterie,a un comportement étrange.Le Claude Chabrol de la fin de carrière était décidément à la ramasse.Ressassant ses éternelles histoires de bourgeois vicelards cachant sous leurs airs guindés et respectables de sombres secrets,il était devenu franchement lassant et ses films n'avaient plus le feu sacré des débuts,au vieux temps de la Nouvelle Vague.Il réalise ici une adaptation d'un roman de la polardeuse américaine Charlotte Armstrong dont il a écrit le scénario avec la psychanalyste Caroline Eliacheff.Sa garde rapprochée habituelle l'entoure,la scripte étant son épouse Aurore et son fils Matthieu compose la musique.Enfin pas vraiment puisque l'essentiel du son consiste en morceaux classiques joués au piano,notamment du Liszt.Le ratage est assez conséquent,Chacha étalant une narration très lente,dans une ambiance neurasthénique, agrémentée de dialogues ampoulés dits par des acteurs au jeu affecté, parfois faux,et aux déplacements chorégraphiés,tandis que la musique omniprésente tente de meubler les nombreux creux du récit,ce qui peut vite ennuyer si on n'est pas fan de classique.Le côté thriller tombe dans l'eau des lacs suisses car la dinguerie homicide de Mika est vite dévoilée,et on comprend illico ce qu'elle a fait, ce qu'elle s'apprête à faire,et comment elle procède.Tout ce hiératisme précieux et psychologisant est sans doute dû à la contribution d'Eliacheff,car on connait le goût des psys pour ce genre de prise de tête factice,et à Marin Karmitz qui produit avec sa société MK2 et n'a pas précisément la réputation d'être un marrant.La fin totalement abrupte et déconnectée de toute crédibilité laisse pantois.On se demande si le nom de Polonski est un hommage de Chabrol à ses collègues cinéastes Abraham Polonsky ou Roman Polanski.Quoi qu'il en soit,bizarrement,ce dernier réalisera "Le pianiste" deux ans plus tard.Le maestro ici est Jacques Dutronc.L'ancien guitariste des Cyclones se révèle parfait en concertiste vedette obsédé par son art et ravi de le transmettre,d'ailleurs il a tâté du piano durant son enfance.Isabelle Huppert est impressionnante en psychopathe possessive acharnée à faire le vide autour de son mari,et son aménité feinte est assez inquiétante.Rodolphe Pauly,en fils mal-aimé,joue tellement faux qu'il parait le faire exprès alors qu'Anna Mouglalis,en proie aussi à de gros problèmes de justesse,s'impose cependant grâce à son éclatante sensualité.Brigitte Catillon et Michel Robin excellent dans des rôles hélas sacrifiés qui auraient mérité des arcs narratifs plus importants.

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le 24 juil. 2021

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