Étrange expérience de tomber sur le film de Marcel Pagnol qui pourrait bien être la version originale du récent "Winter Break" (The Holdovers) et qui serait en tous cas la source d'inspiration d'Alexander Payne. Récit naphtaliné de la vieille France des internats non-mixtes et des enfants abandonnés par leurs parents pour les vacances, et pire, celles de Noël que ces derniers passeront donc seuls, enfermés au collège, loin de leurs familles. Pagnol sort l'artillerie lourde du prof que tous les élèves détestent : un vieil homme aux physique disgracieux, grosse barbe broussailleuse, cache-œil glissé sous ses grosses lunettes qui cache péniblement un œil crevé et source de terreur pour les enfants, et contraint au dernier moment d'assurer la garde des enfants pendant les vacances, pour les études, le repas, le dortoir, etc. Et un pion qui pue, qui plus est, lui valant le surnom de Merlusse.
Intrigue rudimentaire dans laquelle le rôle principal de Paul Giamatti était dévolu à Henri Poupon, un personnage taiseux et d'apparence sévère qui subira pendant les trois premiers quarts-d'heure les coups bas et les moqueries de tous les élèves. Mais tout ça n'est qu'une posture, une façade laide derrière laquelle se cache une grande affection, de quoi laisser le champ libre à un conte moral plein de bons sentiments un peu courts sur les préjugés et la perception biaisée de l'autre. Les traits sont grossiers, la narration maladroite, le happy end ultra poussif, mais il y a malgré tout ce décorum antédiluvien de Pagnol pour susciter un minimum de compassion et de sympathie.